Vente de Biogaran : pourquoi le possible rachat du leader français des médicaments génériques inquiète

Photo d’illustration d’une boîte du médicament Sertraline 50 mg, produite par le laboratoire Biogaran.
MIGUEL MEDINA / AFP Photo d’illustration d’une boîte du médicament Sertraline 50 mg, produite par le laboratoire Biogaran.

SANTÉ - Le numéro un français des médicaments génériques est à vendre, et cette nouvelle à de quoi inquiéter. L’entreprise Biogaran, qui appartient pour l’heure au géant de la pharmaceutique Servier, produit chaque année 350 millions de boîtes de médicaments, dont 50 % sur le sol français et 90 % en Europe. Cependant, elle ne dispose pas d’usines propres, sa production est effectuée par des sous-traitants, qui représentent 8 600 emplois.

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Problème : à l’heure de sa mise en vente, ces emplois français et européens sont directement menacés. En effet, quatre repreneurs potentiels sont intéressés, dont deux Indiens, selon les informations conjointes des Échos et de franceinfo publié ce mercredi 18 avril. Il s’agit plus précisément des génériqueurs indiens Torrent Pharmaceuticals et Aurobindo Pharma. Si l'un des deux remportent la vente, les intérêts économiques pourraient les pousser à relocaliser la production ailleurs qu’en France.

Selon l’Informé, le groupe Torrent Pharmaceuticals est particulièrement proche de conclure un accord. Déjà habitué à collaborer avec les plus grands laboratoires pharmaceutiques de la planète, ce dernier a multiplié les rachats d’entreprises pharmaceutiques étrangères, notamment en l’Allemagne ou aux États-Unis.

Possible intervention du ministère de l’Économie

« C’est un scénario cauchemar qui est en train de s’installer », estime à propos d’un éventuel rachat Frédéric Bizard, professeur d’économie à ESCP Europe et président de l’Institut Santé, au micro de franceinfo ce mercredi 17 avril au matin. « Biogaran c’est un médicament sur six consommés en France », rappelle l’expert, comme vous pouvez l’entendre dans la vidéo ci-dessous.

« C’est un dossier stratégique pour la question de son empreinte industrielle, puisque ce groupe fait travailler une quarantaine de producteurs en France. Il n’a pas d’empreinte industrielle directe car il n’a pas d’usines, mais il fait travailler plusieurs sous-traitants », rappelle-t-il ensuite.

Alors que le gouvernement mène un vaste plan de réindustrialisation de la France, au sein duquel la santé est un secteur clé, Bercy pourrait s’opposer à un rachat de Biogaran par un acquéreur non européen, en invoquant justement la question de la souveraineté. « L’État suit et est très vigilant sur ce dossier », a justement déclaré ce jeudi 18 avril le ministre de l’Industrie Roland Lescure. « Si un investisseur étranger souhaite acheter Biogaran, nous nous laissons la possibilité d’activer la procédure dite IEF », a-t-il confirmé. Biogaran ne s’est pas exprimé sur le sujet.

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