Vente de Biogaran : Le gouvernement promet des conditions « drastiques » pour encadrer le rachat
SANTÉ - Mettre des bâtons dans les roues des potentiels repreneurs étrangers. Interrogé sur RMC ce vendredi 19 avril, Roland Lescure, le ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Énergie, a dit « regretter » la mise en vente de l’entreprise Biogaran par les laboratoires Servier. Le numéro un français des médicaments génériques, qui emploie 8 600 personnes, suscite l’intérêt de quatre repreneurs, dont deux acheteurs Indiens, ce qui ouvre la voie à une délocalisation de la production et à des destructions d’emplois.
« J’ai dit clairement aux laboratoires Servier que je ne souhaitais pas qu’ils vendent Biogaran », a affirmé Roland Lescure, comme vous pouvez l’entendre dans la séquence ci-dessous, sans réussir pour autant à convaincre le géant pharmaceutique de garder leur filiale sous pavillon français.
🎙️ L’invité du jour
🎙️ @RolandLescure, ministre délégué chargé de l’industrie et de l’énergie : "Je regrette cette vente de Biogaran... Je serai extrêmement ferme et j'examinerai toutes les conditions que l'on pourrait imposer à une transaction !"#ApollineMatin pic.twitter.com/dMM6XVjJGV— RMC (@RMCInfo) April 19, 2024
« Ce qui m’énerve le plus, c’est que ça fait des mois qu’on met en place une politique pro-active pour faire venir de grands laboratoires pharmaceutiques en France, Pfizer, Astra Zeneca, Novo Nordisk, ils viennent en France et c’est le moment que choisit le laboratoire Servier pour vendre (...) », a observé Roland Lescure, insistant sur l’importance que les sites de production demeurent en France.
Se disant prêt à recevoir les acheteurs dans son bureau, il poursuit : « Je serai extrêmement ferme et examinerai toutes les conditions qu’on peut imposer dans une transaction, sur deux dimensions importantes : l’approvisionnement en médicaments des Français, et la production en France », tout en précisant que « pour l’instant, il n’y a pas de transaction, il n’y a pas d’offre, il n’y a pas de proposition ».
Inquiétudes dans un contexte de pénuries de médicaments
Servier a mis en vente Biogaran fin 2023 et deux acquéreurs indiens se sont rapidement dits intéressés. Moteur de cette décision, d’après Les Échos, le caractère particulièrement peu rentable de la production de médicaments génériques en France. Ce sont en effet des traitements tombés dans le domaine public et donc vendus moins cher que leurs versions brevetées.
Ces rumeurs de vente ne sont pas neuves, ayant déjà donné lieu à un article de la revue L’Informé en décembre. Et rien n’est officiel : interrogés par l’AFP, les laboratoires Servier ont assuré jeudi qu’« aucune décision » n’était prise quant à l’avenir de Biogaran, tout en rappelant leur intention de « maximiser le potentiel » de leurs activités.
Comme souvent, en cas de vente à un groupe étranger, les inquiétudes se focalisent sur les risques de délocalisations et de pertes d’emplois en France. Le groupe, qui compte lui-même 240 salariés, joue surtout un gros rôle via ses sous-traitants avec 8 600 emplois à la clé. Et l’enjeu est encore plus large au vu du contexte persistant de pénuries de médicaments, surtout à un moment où l’exécutif a fait du rapatriement de la production un chantier cardinal. Depuis plusieurs années, il devient difficile de trouver en pharmacie certains traitements, parfois très courants.
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