Le vent mauvais des européennes

Que s’est-il passé pour que la lutte contre le dérèglement climatique, au cœur des élections européennes en 2019, ait à ce point disparu des radars cinq ans plus tard ? Ce n’est pas qu’un continent entier fasse l’autruche : 78 % des Européens pensent que les questions environnementales “ont un effet direct sur leur vie quotidienne et leur santé”, selon l’enquête Eurobaromètre de mars 2024. Ils sont même 84 % à penser que les règles adoptées à l’échelle européenne “sont nécessaires pour protéger l’environnement”.

La différence majeure avec 2019 : la lutte contre le réchauffement climatique ne fait plus consensus. 32 % d’Européens seulement pensent que l’UE a eu un impact positif en la matière, quand bien même elle reste une “priorité” pour 52 % d’entre eux, selon un sondage Euronews-Ipsos réalisé en mars dans 18 pays.

Les agriculteurs sont le symbole de ce grand renversement, qui ont obtenu le démantèlement du Pacte vert. En 2019, Ursula von der Leyen, tout juste élue à la présidence de la Commission, annonçait que l’Europe allait devenir le premier continent à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Ce plan de route était certes “insuffisant”, mais constituait “au moins un pas en avant pour sortir de l’impasse”, rappelle le média allemand Klimareporter. Malgré la crise du Covid et la guerre en Ukraine, la politique climatique européenne est de fait sortie des limbes. L’Europe s’est engagée à réduire de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. L’UE a proposé plus de 150 mesures labellisées Pacte vert et 76 ont été adoptées, dont la fin des ventes de voitures à moteur thermique en 2035, un plan pour les énergies renouvelables et une taxe carbone aux frontières.

Depuis quelques mois cependant, c’est le “contrecoup vert”, explique le média britannique CarbonBrief. La vague d’extrême droite qui s’annonce, à laquelle Courrier international consacre sa une cette semaine, “pourrait avoir des conséquences majeures sur l’orientation politique de l’Union européenne”, relève CNN. Ces partis populistes (RN français, AfD allemand, PiS polonais, Fidesz hongrois, Fratelli d’Italia, Chega au Portugal…) ne formeront sans doute pas un groupe uni au Parlement européen. Mais ils s’accordent déjà à fustiger le Pacte vert. La tête de liste du PiS, Beata Szydlo, répète vouloir le jeter “à la poubelle”. Le Parti populaire danois menace de sortir de l’accord national sur le climat. En France, Jordan Bardella promet d’en finir avec l’éolien et le solaire et d’abroger l’interdiction de la vente des voitures thermiques en 2035.

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