Venise : les mystères de la dernière galère

Cette maquette conservée au Musée national de la marine à Paris intrigue les spécialistes : a-t-elle servi de modèle à la construction d'un navire ou est-elle simplement une représentation artistique ? Une conservatrice du musée a mené une enquête qui révèle un pan méconnu de l'épopée des galères marchandes de la Sérénissime.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°927, daté mai 2024.

Elle n'a a priori aucun petit rouleau de papier caché dans l'un de ses mâts. Elle ne mène pas non plus à un trésor. Pourtant, l'étrange maquette de galère vénitienne conservée dans les réserves du Musée national de la marine situé sur les hauteurs du Trocadéro, à Paris, aurait pu convaincre Tintin de se lancer dans l'une de ses enquêtes. Car ce petit bijou fait de bois, fabriqué à Venise en 1726 - comme l'indique l'inscription manuscrite présente sur le bordé - par des mains extraordinairement habiles, n'a cessé de dérouter les spécialistes de l'histoire de la navigation qui s'y sont intéressés. On l'a dit anachronique, structurellement irrationnel, voire en désaccord total avec l'histoire maritime européenne. Mais Camille Perez, conservatrice au Musée national de la marine, vient enfin d'en percer les mystères.

Il faut bien comprendre que les anciennes maquettes de bateaux, aussi belles puissent-elles être à nos yeux, avaient avant tout une fonction pratique du temps où les flottes faisaient la puissance des États d'Europe occidentale. "Il s'agit le plus souvent soit de maquettes d'arsenal, représentant des vaisseaux de ligne à différents stades de leur construction, destinées à guider les charpentiers navals, soit de modèles d'instruction à l'attention des princes ou des officiers de marine, explique Camille Perez. Dans le cas de la galère, difficile de savoir à quelle catégorie elle appartenait. "

Ce qui est certain, c'est que cette maquette est exceptionnelle à bien des égards, à commencer par sa date de fabrication. Rares sont les modèles qui nous viennent du 18e siècle, les plus précieux présents dans les collections de musées ayant été dans l'immense majorité fabriqués au 19e siècle. "Ce n'est pas qu'il n'y en a pas eu au 18e siècle, mais ils ont presque tous disparu, souvent à cause de leur fragilité et de leur propension à être infestés par les insectes ", regrette la[...]

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