Venezuela: Guaido tend la main à Pékin et Moscou

Un changement de gouvernement au Venezuela serait profitable aux deux principaux créanciers du pays d'Amérique latine, la Russie et la Chine, a déclaré jeudi dans un entretien à Reuters le chef de file de l'opposition, Juan Guaido (photo). /Photo prise le 31 janvier 2019/REUTERS/Carlos Garcia Rawlins

par Mayela Armas et Corina Pons

CARACAS (Reuters) - Un changement de gouvernement au Venezuela serait profitable aux deux principaux créanciers du pays d'Amérique latine, la Russie et la Chine, a déclaré jeudi dans un entretien à Reuters le chef de file de l'opposition, Juan Guaido.

Juan Guaido, qui a défié le président Nicolas Maduro en s'autoproclamant la semaine dernière chef d'Etat par intérim, a dit avoir transmis des messages à Moscou et Pékin.

"Ce qui convient le mieux à la Russie et la Chine, ce sont la stabilité du pays et un changement de gouvernement", a-t-il déclaré de son domicile de Caracas.

"Maduro ne protège pas le Venezuela, il ne protège les investissements de personne, et il n'est pas une bonne affaire pour ces pays-là", a-t-il ajouté.

A Moscou, le Kremlin a dit n'avoir reçu aucun message. "Quand nous l'aurons reçu, nous l'étudierons", a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, qui a rappelé que la Russie ne reconnaissait pas Guaido comme président.

A Pékin, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré que la Chine maintenait "des contacts étroits avec toutes les parties par différents moyens".

"Nous pensons que quelle que soit la manière dont la situation évoluera, la coopération entre la Chine et le Venezuela n'en souffrira pas", a déclaré Geng Shuang.

La Russie et la Chine font partie des pays ayant affirmé leur soutien à Maduro, qui accuse Guaido d'avoir fomenté un coup d'Etat.

GUAIDO "NE CRAINT PAS" D'ÊTRE EMPRISONNÉ

La légitimité de Guaido à la tête du Venezuela a été reconnue par les Etats-Unis, qui demandent à la communauté internationale de faire de même.

Plusieurs pays européens, dont la France et l'Espagne, ont fait savoir samedi dernier qu'ils donnaient huit jours, soit jusqu'à dimanche, à Maduro pour annoncer la tenue de nouvelles élections sous peine de reconnaître Guaido comme président légitime.

Les Etats-Unis ont infligé lundi de lourdes sanctions à la compagnie pétrolière du Venezuela, PDVSA.

Washington a également mis en garde les Emirats arabes unis contre la tentation d'acheter de l'or à la banque centrale du Venezuela, qui a un besoin urgent de liquidités.

Le sénateur républicain Marco Rubio a adressé jeudi un tweet à l'ambassade des Emirats à Washingon avertissant que quiconque transporterait de l'or vénézuélien serait soumis à des sanctions des Etats-Unis.

Le gouvernement américain surveille également les échanges entre le Venezuela et la Turquie, qui a assuré Maduro de son soutien.

Juan Guaido s'exprimait quelques heures après que des agents des forces spéciales se sont rendus à son domicile en demandant à voir sa femme, pendant que Guaido se trouvait à un meeting.

Lors de l'entretien qu'il a accordé à Reuters, le président de l'Assemblée a dit n'avoir "aucune crainte" d'être emprisonné, alors que la Cour suprême vénézuélienne a autorisé l'ouverture d'une enquête préliminaire et le gel de ses comptes bancaires.

(Avec Michael Martina à Pékin, Jean Terzian et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)