La Ve République à bout de souffle

Le régime français est à la peine : le futur président pâtira d’un socle électoral très bas, les électeurs ont montré leur envie de changement en votant pour les candidats qui se revendiquent hors système, et le bipartisme semble dépassé.

Ce premier tour de l’élection présidentielle vient de mettre un coup violent, et peut-être fatal, à notre Ve République. On la savait vieillissante et décriée. Elle est en train de devenir impotente. A la lecture des résultats du scrutin de dimanche, on ne prendra pas beaucoup de risques en affirmant que la légitimité du huitième président élu au suffrage universel sera demain d’une inquiétante fragilité. Ecrite en 1958 sous la dictée du général de Gaulle, cette Ve République avait vocation à donner au Président des pouvoirs renforcés et une majorité parlementaire stable. Née en temps de guerre, elle a toujours revendiqué ses penchants monarchiques. A cause d’eux ou malgré eux, reconnaissons qu’elle a rempli son rôle. La vie politique française n’a pas eu à se plaindre de la friabilité de ses institutions. Le président a bien été «la clé de voûte de notre régime parlementaire», selon les mots de Michel Debré, prononcés devant le Conseil d’Etat le 27 août 1958. Il y a eu la droite, puis la gauche. Le tic-tac binaire de l’alternance. Notre élection présidentielle a jusqu’à présent toujours eu cette immense vertu de clarification politique. Sauf celle-là. Pour au moins trois raisons.

D’abord, à l’exception notable de 2002, jamais le socle électoral des candidats du premier tour n’avait été aussi étroit (23,7 % pour Macron, 21,9 % pour Le Pen). Sans compter que, pour cette élection, le vote utile a, pour partie, alimenté la dynamique du leader d’En marche. Grâce à la mobilisation du «tout sauf Le Pen», ce dernier sera, sauf énorme surprise, élu au second tour. Mais cette victoire finale ne conditionnera pas sa future popularité. Le phénomène avait déjà eu lieu en 2012 avec l’élection de François Hollande. A peine élu, et pourtant fort (...)

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