Que vaut l’assurance « garantie pouvoir d’achat » de Carrefour ? Un expert qui défend les consommateurs répond

L’enseigne Carrefour propose une assurance garantie de pouvoir d’achat, allant de 2,90 € à 8,90 € par mois
PhotoAlto/James Hardy / Getty Images/PhotoAlto L’enseigne Carrefour propose une assurance garantie de pouvoir d’achat, allant de 2,90 € à 8,90 € par mois

INFLATION - Et si on vous proposait une assurance pour pouvoir continuer à faire vos courses en cas d’accident ou de coup dur ? C’est ce que vient de lancer Carrefour, avec son assurance « garantie pouvoir d’achat ». L’idée, c’est qu’en cas d’imprévu entraînant une perte ou une baisse de leur revenu (maladie, hospitalisation, perte d’emploi, perte d’autonomie…), les clients reçoivent des bons d’achat ou de l’argent pour remplir leur charriot.

L’enseigne, qui s’est associée pour cette opération à CNP Assurances, propose quatre formules, allant de 2,90 € à 8,90 euros par mois. Par exemple, pour 2,90 euros, la formule « Courses protect’ » permet, en cas d’incapacité ou de perte de travail, d’obtenir un bon d’achat Carrefour de 75 euros ou bien de l’argent directement, chaque mois, pendant neuf à douze mois, suivant le statut de l’assuré.

Conditions requises pour y souscrire : être âgé d’au moins 18 ans et de moins de 80 ans, résider en France métropolitaine ou DROM. Alors que les prix en grandes surfaces ont augmenté de plus de 20 % en deux ans et que les associations de consommateurs dénonçaient il y a quelques mois les marges réalisées par l’industrie agroalimentaire et la grande distribution sur le dos de l’inflation, de quel œil voient-elles cette nouvelle assurance ?

Âge requis, délais de carence et de franchise

« Cette assurance, j’en pense la même chose que sur l’ensemble des assurances affinitaires : ça dépend des conditions, explique au HuffPost Olivier Gayraud, juriste à la CLCV, association de défense des consommateurs. Si elles excluent les choses les plus fréquentes qui peuvent se produire, elles sont peu intéressantes. »

Les assurances affinitaires, ce sont toutes les assurances généralement proposées en complément de l’achat d’un bien ou d’un service. Il peut s’agir par exemple d’une garantie contre le vol ou la casse pour un smartphone ou d’une assurance annulation pour la réservation d’un voyage ou d’un spectacle.

Olivier Gayraud préconise donc de bien étudier les détails et les conditions du contrat avant de signer, comme il faut le faire à chaque fois. « Les questions à se poser sont toujours les mêmes : pour quoi je suis assuré, à quelles conditions, et pour quoi je ne suis pas assuré », rappelle-t-il. Dans le cas de cette assurance « garantie pouvoir d’achat » de Carrefour, il y a par exemple des garanties qui s’arrêtent à partir d’un certain âge.

« En cas d’hospitalisation accidentelle, la garantie n’est plus accordée à partir de 85 ans, donne-t-il comme exemple. Pour la perte totale et irréversible d’autonomie, ça s’arrête à 65 ans. L’incapacité de travail aussi, mais pour le coup c’est assez logique : c’est l’âge où on part à la retraite. »

« La perte d’autonomie, ça s’arrête à 65 ans »

Dans le contrat figurent aussi ce que l’on appelle des « délais de carence ». Cela signifie qu’à partir du moment où l’assurance est signée, il y a des garanties qui ne sont valables que dans un certain délai.

« Là, le délai de carence pour l’incapacité de travail, c’est 90 jours sauf exceptions, note l’expert. Cela signifie que la garantie n’opère pas pendant les 90 premiers jours après la signature du contrat. Pour la perte d’emploi, c’est la même chose. » Il y a aussi des « délais de franchise », c’est-à-dire des jours où l’on ne reçoit pas d’indemnité. « En hospitalisation accidentelle, il y a un délai de franchise de 3 jours, donc on ne vous paiera pas pendant ces jours », détaille-t-il.

Il note aussi qu’il existe dans le contrat un délai de neuf mois entre deux sinistres et que seuls deux sinistres par an sont pris en charge. Pour l’expert, ce contrat d’assurance comparé aux autres types d’assurances affinitaires se situe « dans la moyenne ». « C’est nouveau et ça n’existait pas avant, donc il est difficile de comparer avec des assurances similaires », ajoute-t-il.

De manière générale, l’expert n’est pas forcément pour ce type d’assurance. « Après, c’est un peu à la sensibilité de chacun. Moi, je ne fais pas partie des consommateurs qui souhaitent se couvrir pour tout, tout, tout, estime-t-il. Car tout cela a un coût. On peut se dire que 2,90 euros par mois, ce n’est pas grand-chose. Sauf que couplée avec d’autres assurances affinitaires que les consommateurs sont amenés régulièrement à souscrire, c’est une somme importante dans un budget. »

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