Que vaut « Bones and All », le film cannibale avec Timothée Chalamet ?

Timothée Chalamet et Taylor Russell.  - Credit:Metro-Goldwyn-Mayer
Timothée Chalamet et Taylor Russell. - Credit:Metro-Goldwyn-Mayer

Comment oublier ce sentiment de différence qui vous ronge à l'adolescence ? Cinq ans après le troublant Call Me by Your Name, qui mettait en bouteille l'éveil du désir homosexuel d'un très jeune homme, le réalisateur italien Luca Guadagnino encapsule l'essence même de la marginalité, qui repousse, malgré eux, certains êtres au-dehors de la norme.

Dans Bones and All, elle s'exprime par une étrange malédiction, plus proche de la maladie que du sortilège, qui frappe un petit nombre d'individus dans l'Amérique de Ronald Reagan. Parmi eux, Maren, incarnée par l'actrice canadienne Taylor Russell, auréolée d'un subtil mélange de fragilité et de voracité. Vivant avec son père dans un mobile home déglingué, la jeune fille de dix-huit ans profite de la quiétude d'une nuit de printemps pour rejoindre ses copines. La soirée pyjama vire au cauchemar quand elle déchire de ses dents le doigt fraîchement verni d'une camarade de classe.

Un road-trip mélancolique

Manifestement rompu à l'exercice, son père boucle leurs valises en quelques minutes et prend la fuite avec sa fille vers un autre État, et un autre logement lépreux, qu'il quittera quelques jours plus tard, laissant derrière lui une bande audio contenant un message d'abandon à destination de Maren. L'homme était à bout de forces. Qui va s'occuper de la petite cannibale ? Seule, elle saute dans le premier bus Greyhound venu, à la recherche de sa mère, dont le nom lui a été révélé par son père.

La voici embarquée dans un [...] Lire la suite