Dans le Val-d’Oise, l’expulsion médiatisée de cet émeutier n’est que la première d’une trentaine à venir
ÉMEUTES - Rarement un tweet d’une préfecture n’avait provoqué autant de réactions. Sur X (anciennement Twitter) ce mercredi 23 août, le préfet du Val-d’Oise a fièrement annoncé l’expulsion locative d’un émeutier après sa condamnation en lien avec les violences urbaines survenues début juillet.
Une procédure qui ne concerne pas uniquement le condamné, puisque la publication, flanquée du hashtag #DroitsEtDevoirs, précise que « l’ensemble des occupants » ont été sortis du logement social. Selon l’AFP, il s’agit des proches du mis en cause, précisément ses « frères et sœurs ».
Alors que la médiatisation de cette décision provoque de nombreux commentaires indignés, Philippe Court, préfet du Val-d’Oise, persiste et signe. « La finalité de cette expulsion est liée au fait que cette personne a pillé un magasin. Il s’avère par ailleurs, dans ce cas, qu’il y avait déjà un autre motif d’expulsion donc pour gagner du temps on a exécuté un jugement d’expulsion préexistant », a-t-il précisé ce jeudi 24 août auprès de l’agence de presse.
❌ #DroitsEtDevoirs | Expulsion
de son logement social d’un émeutier ayant participé aux violences urbaines de juin dernier.
➡️ Le 30 juin 2023, cet émeutier a été interpellé après avoir pillé le magasin d’un opticien à Deuil-la-Barre.
➡️ Placé en détention provisoire, il a… pic.twitter.com/ISLAeqLUdV— Préfet du Val-d'Oise (@Prefet95) August 23, 2023
« Nous avons un protocole avec les bailleurs sociaux et le parquet qui nous conduit à faire engager des procédures d’expulsion locative lorsque l’occupation des lieux n’est pas une occupation paisible », a-t-il encore fait valoir.
Le préfet a par ailleurs prévenu que la scène allait se reproduire, puisque ce sont 29 procédures d’expulsion locative qui ont été prises en 2023 pour des faits de délinquance, « liés essentiellement au trafic de stupéfiants et aux rodéos » et désormais contre « les émeutiers au fur et à mesure que les faits sont liés ».
« Châtiment collectif »
Une sorte de sanction à l’encontre des familles de délinquants qui a du mal à passer. « Pas la moindre faiblesse pour les violents mais cette mise en scène digne de la révolution culturelle chinoise est-elle bien indispensable et républicaine ? », s’est interrogée sur X la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), un collectif qui regroupe des associations d’aide aux démunis.
Dans la sphère politique, le procédé ainsi que sa publicité ulcèrent la gauche. « A-t-il une compagne, des enfants, de la famille vivant avec lui et alors de quoi sont-ils, eux, coupables ? De partager son foyer ? Si cet homme a été condamné par la justice, qu’il purge sa peine. Mais ce châtiment collectif est une injustice insupportable », a réagi sur le même réseau le député LFI du Val-d’Oise Paul Vannier, rejoint par plusieurs parlementaires insoumis.
Des nouvelles de "l'arc républicain".
Désormais, la condamnation pénale d'une personne entraîne un châtiment social pour celles et ceux qui l'ont côtoyé.
Qu'en pensent les belles âmes ? Ce retour au moyen-âge offert par Renaissance vous satisfait ? https://t.co/ZmWlyQVlP3— William Martinet (@WilliamMartinet) August 23, 2023
Décidément, vous vous éloignez beaucoup de ce qu’est la République.
Voici ce que disait l’article 15 de la DDHC de 1793, celle de la Ière République qui naît avec le drapeau 🇫🇷 et la Marseillaise. ⬇️ https://t.co/iHZKyMicGZ pic.twitter.com/yRQHzMmMx6— Antoine Léaument 🇫🇷 (@ALeaument) August 24, 2023
Philippe Court n’en est pas à sa première décision polémique. En 2022, le préfet avait expulsé la famille d’un motard mis en examen après avoir grièvement blessé une fillette début août lors d’un rodéo urbain.
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