Vahina Gociante, victime d’inceste, révèle ce « coup de grâce » qui l’a poussée à porter plainte contre son père

Vahina Giocante, ici dans « Sept à huit » sur TF1, dimanche 24 mars.
Capture d’écran TF1 Vahina Giocante, ici dans « Sept à huit » sur TF1, dimanche 24 mars.

VIOLENCES SEXUELLES - Vahina Giocante parle à son tour. Ce dimanche 24 mars, l’actrice française, qui a récemment pris la parole pour dénoncer le comportement de Benoît Jacquot quand elle était plus jeune, s’est exprimée sur TF1 sur l’inceste qu’elle a subi dans son enfance par son père, condamné depuis.

Face à Audrey Crespo-Mara dans Sept à huit, elle dit se souvenir d’abord de caresses au moment du bain quand elle avait quatre ans. Ses parents étant séparés depuis plusieurs années, « l’espace était très libre, très propice à ce genre de moment » quand elle passait ses vacances chez lui.

Sont arrivées ensuite les siestes « avec des attouchements ». « Jamais des moments de violence », dit-elle, mais « des câlins qui basculent ». Ils se sont intensifiés avec le temps. À l’âge de sept ans, elle se souvient d’une fellation. « Là, on dépasse la limite de la tendresse d’un père et on passe au désir d’un homme », déclare-t-elle à l’antenne de TF1.

Un beau jour, elle a le déclic. « On a un moment donné un échange où il me dit que si j’en parle, les conséquences pourraient être très graves, qu’il pourrait aller en prison et qu’on serait séparés pour toujours. Donc à ce moment-là, il me rend complice de crime », continue l’actrice.

Vahina Giocante porte plainte

Vahina Giocante a alors onze ans et elle demande à sa mère de ne plus aller chez son père, sans en mentionner la raison. La demande éveille les soupçons de sa mère, qui l’emmène voir un pédopsychiatre, à qui elle ne dira rien non plus des abus sexuels commis par son père. Le silence « augmente et accentue cette sensation de honte ».

Et un beau jour, vient le « coup de grâce », pour reprendre ses mots. Sa mère lui explique que sa petite sœur de 8 ans ne veut plus voir son père, comme elle à l’époque. « J’ai le sol qui se dérobe sous mes pieds. Je n’avais jamais envisagé la possibilité que ça puisse se reproduire sur elle. Sur elle, c’est intolérable. J’avais en plus à ce moment-là une autre petite sœur de deux ans [du côté de son père, ndlr]. Je savais qu’il fallait que je mette un point final », concède Vahina Giocante.

Elle appelle son père au téléphone. Il nie les accusations sur sa petite sœur, mais reconnaît l’inceste avec elle. Il lui propose de le retrouver pour discuter en personne. Elle refuse. « Voilà ce que je vais faire. Je ne vais pas venir et demain, j’irai à la brigade des mineurs porter plainte contre toi », lui aurait-elle répondu.

L’enquête a duré deux ans, à l’issue desquelles la justice tranche en sa faveur. Son père est « condamné à trois ans de prison, un avec sursis je crois, retrait de ses droits civiques et familiaux, et un franc symbolique », énumère-t-elle, toujours dans Sept à huit.

À corps ouvert

Ce jeudi, Vahina Giocante s’apprête à revenir plus amplement sur le sujet et sur tout ce que ça a engendré dans sa vie, dont sa difficile reconstruction, avec la sortie en librairie d’un livre autobiographique intitulé À corps ouvert, aux éditions Robert Laffont. Elle doit également y détailler ses précédentes accusations d’abus contre Benoît Jacquot, avec qui elle a tourné pour son film Pas de scandale, en 1999.

« C’est le seul réalisateur que je nomme dans mon livre. J’ai décidé de le nommer pour appuyer la parole de Judith Godrèche. Pour me mettre à ses côtés, derrière elle. Et c’est le seul que j’ai nommé, parce que j’ai été très choquée par son arrogance », renseigne-t-elle à Audrey Crespo-Mara. Accusé de violences sexuelles par plusieurs actrices, le cinéaste est aujourd’hui visé par une plainte déposée par Judith Godrèche pour « viols avec violences sur mineur de moins de 15 ans ».

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