Vague de chaleur en Espagne : le gouvernement défend son agence météo face aux menaces

La ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, a pris la défense de l’agence publique Aemet, abondamment insultée depuis que des chaleurs extrêmes se sont abattues sur le pays.

ESPAGNE - Insultes, menaces et « complotisme » climatique… Face à la vague de haine qui vise l’agence météorologique espagnole depuis que le pays fait face à des températures anormalement élevées et à une sécheresse record, la ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, a été obligée de prendre sa défense sur Twitter ce vendredi 5 mai.

« Mentir, alimenter le complotisme et la peur, insulter… Cela appauvrit notre société et entraîne des conséquences aussi répréhensibles et négatives que celles dénoncées par les météorologues », a-t-elle dénoncé sur le réseau social à l’oiseau bleu, appelant à « dire stop » à ce genre de basses pratiques.

« Assassins », « criminels », « nous vous surveillons », « vous le paierez » : voilà le type de messages que l’agence publique Aemet affirme avoir reçu ces dernières semaines de la part de personnes anonymes, sur les réseaux sociaux, par mail voire par téléphone. Ces menaces sont liées aux analyses relatives à la vague de chaleur particulièrement précoce vécue la semaine dernière en Espagne, où un record absolu de chaleur pour le mois d’avril a été battu jeudi avec 38,8 degrés Celsius à Cordoue (sud).

« On ne peut pas tout se permettre »

Dans une vidéo publiée le 20 avril sur Twitter, l’Aemet avait déjà dénoncé un regain de violence sur les réseaux sociaux, appelant au « respect » de ses agents. « Nous sommes respectueux de la liberté d’expression » mais « on ne peut pas tout se permettre », avait-elle mis en garde.

Interrogée jeudi par le quotidien El Diario, l’une des porte-parole de l’agence, Estrella Gutiérrez, par ailleurs membre du Conseil supérieur des météorologues espagnols, précise n’avoir « jamais » connu un tel niveau d’agressivité en trente ans de carrière.

« Nous sommes un service public essentiel, nous disposons d’un personnel hautement qualifié et expert, et nous continuons donc à travailler avec ce professionnalisme », insiste la météorologue, en dénonçant le flot de fausses informations et le négationnisme climatique sur les réseaux sociaux. « Le changement climatique est une réalité. Le dernier rapport du GIEC, et d’autres organismes avant lui, conclut que le changement climatique nous apporte des épisodes de températures plus élevées, ce que nous constatons actuellement », insiste-t-elle.

Pays européen en première ligne face au réchauffement climatique, l’Espagne connaît depuis plusieurs années une multiplication des vagues de chaleur, avec des précipitations de plus en plus rares et irrégulières. Selon l’ONU, 75 % du pays fait face à un risque de désertification.

VIDÉO-La récente "chaleur extrême" en Méditerranée occidentale attribuée au changement climatique