Attentats en Turquie, nouvelles frappes contre le PKK en Irak

DIYARBAKIR, Turquie (Reuters) - Quinze policiers turcs ont été tués mardi dans deux attaques distinctes attribuées aux combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) alors que les bombardements de l'aviation turque contre les positions du mouvement séparatiste se sont poursuivis. Ces nouvelles frappes, dans le nord de l'Irak, font suite à celles de lundi contre des cibles du PKK dans le sud-est de la Turquie, annoncées par l'armée turque après l'attaque d'un de ses convois dimanche qui s'est soldé par la mort de 16 militaires. Le convoi circulait dans la province d'Hakkari, qui jouxte la frontière irakienne. Cette attaque est la plus meurtrière commise par les séparatistes kurdes contre les forces de sécurité turques depuis la fin du cessez-le-feu, en juillet. Mardi matin, un attentat à la bombe a visé un minibus de la police turque dans la province d'Igdir (est), à proximité de la frontière avec l'Arménie. L'attaque a fait 14 morts, selon un nouveau bilan établi de source gouvernementale. Plus tard, un policier a été tué dans l'attaque d'un véhicule blindé au lance-roquettes, à Cizre dans le sud-est de la Turquie, a-t-on appris auprès des services de sécurité. Trois autres officiers ont été blessés. D'après deux sources gouvernementales, plus de 40 avions, des chasseurs F-16 et F-4, ont pris part à la nouvelle vague de bombardements contre des bases extérieures du PKK installées dans le Kurdistan irakien, dans les secteurs de Qandil, Basyan Avachin et Zap. Des entrepôts d'armes mais aussi de nourriture et des positions d'artillerie du PKK ont été visés dans cette opération aérienne qui a débuté lundi à 22h00 (19h00 GMT) et s'est poursuivie pendant près de six heures. Selon le président turc, Recep Tayyip Erdogan, le PKK a essuyé de "lourdes pertes" en Turquie et à l'extérieur et est désormais dans une position difficile. "GUERRE SYNCHRONISÉE" "Les derniers événements sont le résultat de la panique (qui a suivi les revers du PKK, NDLR). Les pertes subies par l'organisation grâce aux opérations de l'armée peuvent être estimées en milliers", a-t-il dit à des étudiants réunis au palais présidentiel. Les autorités turques ont déclenché en juillet une "guerre synchronisée" censée viser à la fois les djihadistes de l'Etat islamique (EI), jugés responsables d'un attentat suicide commis à Suruç, dans le sud-est de la Turquie, et les combattants kurdes, qui avaient réagi à l'attaque en s'en prenant à des membres des forces de sécurité accusées d'inertie, voire de collusion. L'offensive contre les séparatistes kurdes, qui a fait au moins 2.000 morts dans les rangs kurdes et une centaine dans les rangs des forces de sécurité, a fait voler en éclats le cessez-le-feu en vigueur depuis 2012 et gelé le processus de paix lancé la même année. Elle a fait également monter les tensions en Turquie à l'approche des législatives anticipées du 1er novembre, où le Parti de la justice et du développement (AKP), la formation islamo-conservatrice du président Recep Tayyip Erdogan, espère regagne sa majorité absolue perdue aux élections de juin dernier. Des Kurdes ont été victimes d'actions de représailles. Quelque 2.000 personnes ont envahi un site en construction dans la province d'Erzurum, manifestant leur colère à l'encontre d'ouvriers kurdes accusés d'être des sympathisants du PKK, selon le quotidien BirGun. CNN Türk rapporte de son côté que quelques travailleurs saisonniers ont échappé de peu au lynchage dans la ville de Beypazari, une localité située non loin d'Ankara. (Orhan Coskun avec Daren Butler à Istanbul; Henri-Pierre André pour le service français)