Vaccins obligatoires, recommandés : voici comment s'y retrouver

Photo d'illustration (FRED TANNEAU/AFP via Getty Images)
Photo d'illustration (FRED TANNEAU/AFP via Getty Images)

Le calendrier vaccinal a évolué ces dernières années, avec l'apparition de nouveaux vaccins obligatoires et de vaccins recommandés.

De trois à onze vaccins obligatoires. Pour les enfants nés depuis le 1er janvier 2018, huit nouveaux vaccins sont devenus obligatoires. En plus de la diphtérie, tétanos, poliomyélite (DTP) s'y sont ajoutés la coqueluche, le ROR (Rougeole, Oreillons, Rubéole), l’Haemophilus influenzae de type B, l’hépatite B, le pneumocoque et le méningocoque C.

Si les vaccins obligatoires ne sont pas réalisés, les enfants ne peuvent pas rentrer en collectivité, crèche ou école. Si la sanction pénale spécifique au refus de vaccination est supprimée, le fait de compromettre la santé de son enfant, ou celui d’avoir contaminé d’autres enfants par des maladies qui auraient pu être évitées par la vaccination pourront toujours faire l’objet de poursuites pénales, précisent les autorités. Il n'y a donc pas de choix à faire quant à ces vaccins qui comportent des rappels et doivent être faits à des âges précis, dès l'âge de deux mois.

Au-delà de ces vaccins obligatoires, il existe une autre catégorie de vaccins où les parents ont le choix ou non de vacciner leur enfant : les vaccins recommandés.

"La première façon de décider quand on est parents, c'est de croire en les instances sanitaires de son pays. Si des recommandations sont émises concernant un vaccin, c'est que c'est bon pour la santé des enfants. La deuxième, c'est la question du rapport bénéfice / risque, c'est-à-dire du poids de la maladie face aux effets secondaires éventuels du vaccin", nous détaille Christèle Gras-Le Guen, pédiatre et présidente de la Société Française de Pédiatrie.

Le vaccin contre les gastro-entérites

Le dernier à être devenu un vaccin recommandé, c'est celui contre les rotavirus, autrement dit les principaux responsables des gastro-entérites aiguës virales hivernales des nourrissons et des jeunes enfants de moins de 5 ans.

"En France, le poids des gastros-entérite est maieur, ce sont des milliers d'enfants chaque année qui sont emmenés aux urgence ou chez leur pédiatre ou médecin généraliste, et parfois hospitalisés plusieurs jours pour déshydratation. On enregistre aussi dix à vingt décès d'enfants chaque année pour gastro-entérite", explique la présidente de la SFP.

Conséquence de l'apparition de ce vaccin parmi ceux officiellement recommandés, il est désormais remboursable à 65% par l'Assurance maladie, certaines mutuelles prenant à leur compte le reste à charge. "L'avantage de ce vaccin, c'est qu'il se fait par voie orale, donc il n'y a pas de risque de douleur pour l'enfant. De nombreux autres pays occidentaux utilisent ce vaccin depuis des années, on a donc un recul important et rassurant", poursuit la spécialiste. Le vaccin est à réaliser à l'âge de deux puis de trois mois pour la dose de rappel. Selon le vaccin choisi, une autre dose de rappel peut être nécessaire à l'âge de quatre mois.

Le vaccin contre le méningocoque B

Parmi les autres vaccins fortement recommandés par de nombreux pédiatres, celui visant à protéger contre le méningocoque B, à l'origine de certaines méningites. "Là aussi, c'est un vaccin dont la recommandation et le remboursement sont récents (mai 2022, ndlr). Deux tiers des méningites cérébro-spinales, qui peuvent causer la mort en quelques heures, sont dues à ce méningocoque", détaille Christèle Gras-Le Guen, pédiatre et présidente de la Société Française de Pédiatrie.

"Auparavant, le vaccin n'était pas remboursé, ce qui créait une double inégalité. À la fois parce que les populations le plus précaires ne pouvaient pas forcément payer le vaccin, mais aussi parce que les méningocoques touchent davantage les populations précaires," poursuit la spécialiste. Le vaccin se réalise à l'âge de trois mois, puis est suivi de deux rappels, à cinq et douze mois, et est pris en charge à 65% par l'Assurance maladie, le reste étant pris en charge par les complémentaires santé.

Le vaccin BCG

Premier vaccin à réaliser, dès l'âge d'un mois, il n'est recommandé que dans certaines situations. "Il est obligatoire soit pour les habitants des zones où la tuberculose circule, en Guyane et à Mayotte, et reste recommandé pour les populations ayant un risque d'être en contact avec des habitants de ces zones, si par exemple vous avez de la visite de famille où la tuberculose circule, comme l'Afrique du Nord, l'Europe de l'Est ou l'Amérique du sud, ainsi que pour les populations en grande précarité, vivant à la rue ou en foyer, ou nées dans un pays où la tuberculose circule", détaille Christèle Gras-Le Guen, pédiatre et présidente de la Société Française de Pédiatrie.

Le vaccin était obligatoire jusqu'en 2007 pour l'ensemble des enfants. Une décision prise après une étude qui a estimé que vacciner uniquement les enfants à risque pouvait éviter les trois quarts des cas de tuberculose qui étaient jusque là empêchés par le BCG. D'après une étude publiée dix ans après la fin de l'obligation dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France, le nombre de cas de tuberculose en France a continué à baisser après 2005. Si le vaccin n'est recommandé que dans certains cas, les parents non concernés peuvent tout de même décider de vacciner leur enfant contre la tuberculose.

Le vaccin contre la varicelle

C'est une des étapes que la quasi totalité de la population adulte a traversé dans son enfance : la varicelle. Des boutons qui grattent, mais une maladie bénigne. "95 à 99% des enfants l'attrapent avec quelques formes sévères qui entraient une surinfection voire une hospitalisation. Le vaccin n'est recommandé que dans le cas où, à partir de 13-14 ans, un enfant n'a pas eu la varicelle, car les formes peuvent être plus graves chez l'adulte", nous précise Christèle Gras-Le Guen.

Si le vaccin n'est pas généralisé chez les enfants, d'autres pays ont fait le choix de rendre le vaccin contre la varicelle obligatoire chez les enfants, comme l'Italie ou Québec. "En France, le choix est de maintenir le caractère obligatoire pour d'autres vaccins, qui semblent plus prioritaires, et de ne le recommander que pour les risques de formes graves", justifie la présidente de la SPF.

En moyenne 3 500 hospitalisations sont liées à la varicelle chaque année, dont 75 % chez des sujets de moins de seize ans, rappelait l'Académie de médecine en 2007. Un vaccin qui permettrait de réduire le risque de zona à l'âge adulte, maladie contre laquelle il existe également un vaccin, recommandé à partir de 65 ans.

La vaccination contre les HPV

C'est la vaccination qui a fait l'objet d'une large campagne de communication de la part du gouvernement ces dernières semaines. Une campagne de vaccination généralisée va être lancée dans les collèges pour les élèves de 5e afin de mieux lutter contre le papillomavirus. La vaccination qui sera accessible à tous les collégiens, filles comme garçons, dès la classe de 5e, doit permettre d'augmenter la couverture vaccinale et de prévenir contre l'infection qui est responsable de 6 000 nouveaux cas de cancers et de 30 000 lésions précancéreuses du col de l’utérus chaque année.

"L'Australie, qui a vacciné 95% des enfants, a vu une baisse du nombre de ces cancers de l'ordre de 20%. Il faut sur cette question la que la France sorte de la préhistoire", plaide la présidente de la SFP.

D'autres vaccins pourraient bientôt être recommandés pour les enfants, selon les recommandations de différentes autorités.

Le vaccin contre la grippe bientôt recommandé dès 2 ans ?

C'est une habitude pour les personnes âgées depuis des années : le vaccin contre la grippe, recommandé dès 65 ans chaque hiver pour éviter les formes graves de la maladie. Un vaccin qui pourrait bientôt être étendu, dès l'âge de deux ans.

En effet, la Haute Autorité de Santé, dans un avis rendu en février dernier, recommande que la vaccination contre la grippe saisonnière puisse être proposée chaque année aux enfants sans comorbidité âgés de 2 à 17 ans révolus, sans qu’elle soit rendue obligatoire".

"La grippe semble une maladie presque normale, sauf qu'elle tue 10 000 Français chaque année. Elle peut être redoutable notamment chez les plus âgés et fragiles. L'avantage d'une vaccination serait double : protéger les personnes les plus fragiles qui font partie de l'entourage des enfants, comme les grands-parents, mais aussi protéger les enfants. Car la grippe fait le lit des infections bactérienne, et entraine une hausse du risque de faire une otite, une pneumonie ou une méningite, car le système immunitaire est affaibli par la grippe", nous éclaire Christèle Gras-Le Guen, pédiatre et présidente de la Société Française de Pédiatrie.

Le vaccin contre la bronchiolite, bientôt recommandé ?

C'est le dernier vaccin mis au point, contre une maladie qui touche les plus petits et particulièrement éprouvante pour les parents et pour le système de santé : la bronchiolite. L’Agence européenne du médicament a donné un premier feu vert au vaccin développé par Sanofi contre cette maladie.

"C'est un virus qui a saturé les réanimations l'hiver dernier chez les moins de trois mois. Il ne s'agit pas au sens propre d'un vaccin mais des anticorps monoclonaux, c'est-à-dire des anticorps fabriqués en laboratoire, dont l'effet dure cinq mois, soit pile la période durant laquelle la maladie est la plus répandue", détaille Christèle Gras-Le Guen, qui espère que le vaccin soit disponible en quantité à l'automne 2023, pour le début de la prochaine vague épidémique.

VIDÉO - Cancer du col de l'utérus : "un vaccin sûr et indispensable"