Vaccin anti Covid : qu’est-ce que l’effet nocebo, qui serait responsable de la majorité des effets indésirables ?

Photo d'illustration( Photo CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)

Selon une étude américaine, 76% des effets indésirables après la vaccination contre le covid sont dus à l'effet nocebo.

Fatigue, douleur dans le bras, maux de tête, frissons... De nombreux vaccinés rapportent avoir ressenti quelques effets indésirable suite à la vaccination contre le Covid, que ce soit avec le vaccin Pfizer Moderna, Astra Zeneca ou Janssen.

Des effets indésirables qui passent dans la plupart du temps dans les 24 à 48 heures et sont sans conséquence. Selon une étude américaine, une grande partie de ces effets indésirables rapportés par les personnes vaccinées sont dues à l'effet nocebo.

Des effets "d'origine surtout psychologique"

L'effet nocebo peut être défini par opposition à l'effet placebo. Bien connu, l'effet placebo est "le fait d’observer une amélioration d’un symptôme dans un groupe où le traitement n’a pas de principe actif spécifique, par rapport à un groupe qui ne reçoit aucun traitement", définit Olivier Desrichard, professeur de psychologie à l’université de Genève, auprès du Figaro.

L'effet nocebo désigne donc par opposition "l'apparition d'effets indésirables bénins, d'origine surtout psychologique, après administration d'un médicament inactif ou qui ne peut lui-même produire ces effets", définit le Larousse.

Une étude menée sur 45 000 volontaires

Autrement dit, selon les conclusions de cette étude américaine, 76% des personnes qui rapportent des effets indésirables les ressentent pour des raisons d'ordre psychologique. Pour en arriver à cette conclusion, les scientifiques d'un hôpital de Boston appuyés par l'université d'Harvard ont examiné les déclarations des effets indésirables de 45 000 volontaires, répartis dans 12 essais cliniques de la vaccination contre le Covid.

Durant ces essais, la moitié des volontaires a reçu un vrai vaccin, et l'autre moitié a reçu un placebo. Objectif : vérifier l'efficacité du vaccin testé. Ceux qui ont reçu un placebo, le plus souvent du sérum physiologique sans aucun effet, déclarent avoir quand même ressenti des effets secondaires dans les jours qui ont suivi l’injection.

Un mécanisme psychologique en cause ?

En analysant l'ensemble des données de ces 12 essais cliniques, les chercheurs estiment que 76% des effets indésirables déclarés après la première dose du vrai vaccin contre le Covid-19 sont dus à cet effet nocebo. Un taux qui tomberait à 52% des réactions après la deuxième dose.

Des effets indésirables, s'ils sont bien ressentis par le patient, qui s'expliqueraient donc en grande partie par un mécanisme psychologique et non pas par le vaccin en lui-même. Le patient s'attendant à ressentir des effets en raison de l'injection, son cerveau va en quelque sorte les fabriquer, le stress ou l'anxiété peuvent déclencher ces symptômes. L'appréhension étant moins importante pour la deuxième dose, cela pourrait expliquer la diminution de cet effet nocebo.

Des précédents en France

L’effet nocebo avait été constaté en 2017 lors du changement de formule du Levothyrox, un médicament pour la thyroïde. En France, cette modification avait entraîné chez 10% des patients le développement de symptômes, alors même que le principe actif du produit restait inchangé

En France, l'ANSM (Agence nationale de Sécurité du Médicament) estime à plus de 110 000 déclarations répertoriées d’effets indésirables sur les vaccins contre le Covid-19, sur plus de 52 millions de personnes vaccinées.

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