Le Vél d’Hiv, la France et l’historien

Emmanuel Macron lors de la commémoration de la rafle du Vél d'Hiv, le 16 juillet.

Les débats politiques actuels autour de la question de la responsabilité de la France dans la rafle du Vél d’Hiv viennent contrarier un certain consensus qui semblait établi depuis le discours de Jacques Chirac en juillet 1995.

Après Marine Le Pen en avril dernier, c’est aujourd’hui Jean-Luc Mélenchon qui conteste sur son site la déclaration du président de la République Emmanuel Macron reconnaissant la responsabilité de la France dans la rafle du Vél d’Hiv, ce qui conduit, selon le dirigeant de La France insoumise, à «admettre une définition essentialiste de notre pays totalement inacceptable». Des propos en contradiction avec ceux tenus trois mois plus tôt suite aux déclarations de la candidate de l’extrême droite. Regrettant une «polémique inutile», Jean-Luc Mélenchon se référait alors explicitement à la position de Jacques Chirac en affirmant pour finir : «La République française n’est pas coupable mais la France l’est.»

Que peut l’historien alors que les acteurs politiques produisent leur lecture divergente et variante de cet événement ?

L’historien ne saurait se satisfaire de prendre part aux affirmations pour s’engager dans un statut d’expert du passé à dire, dans une intention performative, que le crime du Vél d’Hiv a été commis ou non par la France. En clair, il ne lui revient pas de trancher le débat pour statuer, en arbitre, si oui ou non, c’est la France qui a commis la rafle du Vél d’Hiv. La France, comme toute nation est une entité politique autant qu’imaginaire dans le sens où elle associe sans cesse des réalités institutionnelles, juridiques, administratives avec des investissements symboliques et affectifs sur des objets qui ont pour fonction de l’incarner. Si l’historien analyse les mises en récit successives qui construisent une nation, par le biais des discours, des monuments, des commémorations, etc., comment pourrait-il s’attribuer le pouvoir de définir ce qu’est la nation ?

Il peut en revanche avancer les preuves de l’implication active de (...)

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