USA: L'accusatrice du juge Kavanaugh est prête à témoigner

La femme qui accuse le juge et candidat à la Cour suprême des Etats-Unis Brett Kavanaugh de tentative de viol est prête à témoigner publiquement devant la commission sénatoriale chargée d'examiner la nomination du magistrat, a dit lundi son avocate. /Photo prise le 5 septembre 2018/REUTERS/Chris Wattie

par Lawrence Hurley et Susan Heavey

WASHINGTON (Reuters) - La femme qui accuse le juge et candidat à la Cour suprême des Etats-Unis Brett Kavanaugh de tentative de viol est prête à témoigner publiquement devant la commission sénatoriale qui doit se prononcer dans les jours à venir sur la nomination du magistrat, a dit lundi son avocate.

L'accusatrice du juge Kavanaugh est sortie ce week-end de son anonymat et a fourni au Washington Post des détails sur l'agression dont elle dit avoir été victime au début des années 1980, quand elle-même et Kavanaugh étaient lycéens.

Dans un entretien au quotidien publié dimanche, Christine Blasey Ford, une enseignante en psychologie âgée de 51 ans qui exerce en Californie, accuse Brett Kavanaugh de l'avoir jetée sur un lit, d'avoir essayé de la dévêtir et de l'avoir empêchée de crier en lui plaquant une main sur la bouche.

Le juge nie "catégoriquement et sans équivoque" ces allégations qui ont émergé jeudi dernier.

"C'est une allégation complètement fausse", a-t-il dit dans un communiqué diffusé lundi par la Maison blanche.

"Je n'ai rien fait ce que décrit l'accusatrice, ni à elle ni à personne d'autre. Je souhaite m'exprimer devant la commission des Affaires judiciaires du Sénat (...) et réfuter cette fausse allégation, qui date d'il y a 36 ans, et défendre mon intégrité", a-t-il poursuivi.

Christine Blasey Ford "est prête à faire ce qu'il faut", a assuré son avocate Debra Katz dans l'émission "This Morning" sur CBS. L'enseignante est convaincue qu'elle aurait été violée si Brett Kavanaugh n'avait pas été fortement ivre, a ajouté Debra Katz, ajoutant que sa cliente avait bu une bière mais n'était pas saoûle au moment des faits présumés.

Kellyanne Conway, conseillère de la Maison blanche, a promis que "cette femme sera(it) entendue". Elle ne doit pas être "insultée ni ignorée", a déclaré Conway dans une interview à la chaîne Fox News, précisant s'être entretenue de la question avec plusieurs sénateurs.

CATHOLIQUE ET CONSERVATEUR

La commission des Affaires judiciaires du Sénat, qui a achevé ses auditions, a prévu de se prononcer jeudi sur la nomination de Brett Kavanaugh à la Cour suprême mais ce rebondissement pourrait retarder la procédure.

Le président républicain de la commission, Chuck Grassley, a fait savoir qu'il comptait s'entretenir avec Kavanaugh et Ford avant la date prévue du vote.

Jeff Flake, un autre membre républicain de la commission, s'est prononcé pour que le vote soit repoussé jusqu'à l'audition du témoignage de l'enseignante.

Le vote de la commission est la première étape en vue de la confirmation de Brett Kavanaugh, avant le vote du Sénat en séance plénière. Les républicains n'ont qu'une courte majorité que ce soit à la commission (11-10) ou au Sénat (51-49).

Les démocrates s'inquiètent de voir ce magistrat catholique conservateur âgé de 53 ans devenir l'un des neuf juges à vie de la Cour suprême.

Ils redoutent que son arrivée à la Cour suprême, dont quatre des huit juges actuels sont déjà de sensibilité conservatrice, fasse pencher l'institution encore plus vers la droite, avec de possibles conséquences sur le droit à l'avortement notamment.

Avant même les accusations de Christine Blasey Ford, le sort de Kavanaugh paraissait suspendu à la décision de deux sénatrices républicaines modérées - Lisa Murkowski et Susan Collins - qui sont favorables à l'IVG.

Susan Collins s'est tout de même demandé pourquoi ces accusations n'avaient émergé que la semaine dernière. Ford dit avoir raconté son histoire à la sénatrice démocrate Dianne Feinstein, membre de la commission judiciaire, dans une lettre envoyée en juillet.

En cas de rejet de la nomination de Kavanaugh, Donald Trump devrait lui choisir un remplaçant, mais ce candidat ne serait sans doute pas confirmé par le Sénat avant les élections au Congrès début novembre.

Cependant, même s'ils perdaient leur majorité au Sénat, les républicains seraient sans doute en mesure de mener au bout le processus de confirmation avant l'investiture du nouveau Congrès, qui n'aura lieu qu'en janvier.

(Jean-Stéphane Brosse pour le service français)