Risque réel de "shutdown" aux États-Unis avant un vote au Sénat

WASHINGTON (Reuters) - L'incertitude règne aux États-Unis à quelques heures de l'échéance fixée aux sénateurs pour éviter une paralysie de l'administration fédérale faute de financements.

La Chambre des représentants a adopté jeudi, par 230 voix contre 197, une proposition de loi visant à prolonger le financement du gouvernement fédéral jusqu'au 16 février. Le texte a été transmis au Sénat, qui doit se prononcer d'ici minuit vendredi (samedi 05h00 GMT).

Mais cette étape risque d'être délicate au vu des rapports de force à la chambre haute du Congrès. Les républicains y sont majoritaires, mais doivent convaincre neuf élus démocrates de se rallier au texte pour réunir la majorité qualifiée de 60 voix sur 100.

La situation est d'autant plus incertaine qu'au moins trois élus républicains ont dit qu'ils ne voteraient pas le texte en l'état. Les probabilités sont à 50-50, a estimé Mick Mulvaney, qui dirige l'Office de la gestion et du budget de la Maison blanche.

Donald Trump devait initialement se rendre vendredi après-midi dans sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, pour y passer le week-end mais la Maison blanche a indiqué qu'il avait repoussé son départ jusqu'au dénouement de la crise.

S'exprimant vendredi matin par le canal habituel de son fil Twitter, le président américain a accusé l'opposition démocrate d'exercer une forme de chantage sur cette proposition censée éviter un "shutdown" de l'administration fédérale.

"Nous avons besoin de démocrates pour le faire adopter - mais ils veulent l'immigration illégale et des frontières fragiles. Un 'shutdown' en approche ?", écrit le président américain.

Les démocrates ont en effet annoncé vouloir trouver un accord sur l'immigration sous peine de ne pas voter pour cette loi de financement.

"PAYS PRIS EN OTAGE"

En septembre, l'administration Trump a annoncé l'abrogation du programme Daca (Deferred Action for Childhood Arrivals), qui protège des jeunes migrants clandestins, une suppression programmée pour le début du mois de mars mais qui est à ce stade bloquée par la décision d'un juge de San Francisco.

Grâce au programme Daca, instauré par Barack Obama en 2012, près de 700.000 jeunes gens, connus sous le nom de "Dreamers", entrés illégalement sur le territoire américain avec leurs parents, sont protégés de toute expulsion des Etats-Unis et autorisés à travailler légalement.

"Le contenu (de ce texte) est bipartisan. Il ne contient aucune disposition susceptible de déplaire à mes amis démocrates", a plaidé Mitch McConnell, chef de file de la majorité républicaine au Sénat.

Mais les démocrates, a-t-il accusé, ont pour objectif de "prendre tout le pays en otage" en liant ce dossier à la réforme de l'immigration.

Chuck Schumer, qui dirige la minorité démocrate au Sénat, a déclaré jeudi que la loi votée par la Chambre "devrait très vraisemblablement être considérée comme inacceptable par le Sénat". Il a été reçu à la Maison blanche par Donald Trump.

Etant donné les incertitudes entourant le sort du texte relatif à la poursuite du financement de l'Etat fédéral au Sénat, il a été ordonné à certaines agences de se préparer à des fermetures partielles à travers le pays à partir de samedi.

(Richard Cowan et Susan Cornwell, avec Amanda Becker, Roberta Rampton et Steve Holland, Benoît Van Overstraeten et Henri-Pierre André pour le service français, édité par Gilles Trequesser)