Urgences : L’hôpital Nord-Franche-Comté, submergé, reçoit l’aide de la réserve sanitaire

L’hôpital Nord-Franche-Comté est submergé et va recevoir l’aide de la réserve sanitaire (image d’illustration, hôpital d’Archachon).
ROMAIN PERROCHEAU / AFP L’hôpital Nord-Franche-Comté est submergé et va recevoir l’aide de la réserve sanitaire (image d’illustration, hôpital d’Archachon).

SANTÉ - « Les urgences ne sont même plus surchargées, elles sont submergées », alerte le syndicat infirmier CNI. Face à la situation extrêmement tendue à l’hôpital Nord-Franche-Comté (HNFC), la direction a sollicité la réserve sanitaire pour faire face à une « tension exceptionnelle », a-t-elle annoncé ce mardi 23 janvier.

Lundi matin, à l’issue du week-end, près de 50 patients attendaient encore un lit d’hospitalisation aux urgences, selon la direction de l’établissement situé à Trévenans, dans le Territoire de Belfort. Selon la CGT, certaines personnes « attendant sur des brancards que des lits se libèrent pour pouvoir être hospitalisées » ont patienté « plus de trente heures, parfois jusqu’à soixante ».

« Cette situation sans cesse renouvelée, quasiment quotidienne, épuise le personnel et est de nature à compromettre gravement la santé des patients en attente », fustige encore le syndicat.

Manque de personnels mais aussi de nourriture

« C’est une situation sanitaire censée être exceptionnelle, mais qui chez nous est courante, a pointé auprès de France 3 Stéphanie Cautier, infirmière et déléguée de la CGT. Ça fait des mois qu’on a des pics d’activités insoutenables. On est à bout, on ne voit pas d’issue. On se sent dépassés, débordés, et les agents craquent de plus en plus. »

Une autre infirmière qui n’a pas souhaité donner son nom abonde : « Tous les matins, j’ai mal au ventre à l’idée d’aller travailler. C’est toujours la même galère. C’est tendu toute la semaine, mais les week-ends, c’est inimaginable. Là, on avait des dizaines de personnes installées, par manque de lits, sur des brancards à même les couloirs. »

Cette situation force les soignants à faire des choix comme pendant le Covid. Et pose aussi d’autres problèmes. En plus des brancards, il manque aussi de la nourriture, du matériel, des draps pour prendre en charge tous ces patients. Sans oublier les soignants à bout, qui quittent leur travail et ne sont pas remplacés.

L’aide de la réserve pendant une semaine

« Et la pudeur ! On se retrouve à installer des paravents pour changer les personnes, ou pour qu’ils fassent leur besoin. Avec le nombre, impossible d’avoir un peu d’intimité. C’est triste, mais on ne peut pas assurer le respect du patient », poursuit l’infirmière anonyme.

La direction de l’hôpital a vite réagi à l’alarme de la CGT. Elle a rappelé que les tensions existent depuis l’été 2022 notamment avec l’afflux de personnes âgées. « La situation se dégrade dès lors que les flux d’admission augmentent, en particulier durant les périodes de fin de semaine et de congés scolaires », est-il écrit encore dans un communiqué obtenu par France 3.

Pour pallier cette situation, l’hôpital recevra à partir de mercredi, et pendant six jours, le renfort de trois médecins, dix infirmiers et dix aides-soignants en provenance de la réserve sanitaire nationale, a déclaré devant la presse Pascal Mathis, directeur général de l’hôpital.

« Les patients sont mis en danger »

« Jamais, dans l’histoire de l’établissement, nous n’avions bénéficié d’une aide aussi complète », a-t-il souligné. Dès lundi soir, quinze lits de médecine supplémentaires ont été activés « à titre provisoire » pour transférer des patients en attente d’une hospitalisation aux urgences.

Pas de quoi réjouir la CGT, qui réclame des mesures de long terme : « À ce jour, rien ne change et aucune réponse pérenne n’a été trouvée (...). En laissant pourrir la situation, les pouvoirs publics ne font qu’entériner la dégradation de l’hôpital public. Le personnel y est sacrifié et les patients sont mis en danger. »

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