"La vérité, c’est que lorsqu’il y a des morts, on ne fait pas remonter l’info aux autorités" : aux urgences, des conditions de prise en charge "pire qu'en prison"

Dans les colonnes du Parisien, des médecins dénoncent les conditions de prise en charge des patients dans les services des urgences.

Des médecins rapportent des malades sur des brancards qui meurent au milieu du couloir (Getty Images)

De nombreuses blouses blanches ne font plus confiance au gouvernement. Quatre soignants du centre hospitalier de Versailles (Yvelines) ont confié au Parisien leur vérité sur la prise en charge des patients aux urgences. Ils dénoncent des conditions indignes de prise en charge, "pire qu’en prison", et des malades sur des brancards qui meurent parfois au milieu du couloir.

"Beaucoup de soignants approuvent leurs témoignages car ils décrivent une triste réalité. Oui, il arrive régulièrement que l’on découvre des morts aux urgences, surtout des personnes âgées. C’est devenu tellement banal que tout le monde s’est fait à cette idée", rapporte le syndicaliste Patrick Pelloux.

"Il m’était insupportable de voir un homme de 90 ans attendre trois jours sur un brancard. Je suis parti car je devenais maltraitant !. (...) Il faut un big bang de la santé, une révolution", se souvient le docteur Pierre Mingasson, urgentiste à l’hôpital de Manosque (Alpes-de-Haute-Provence). Il raconte également l'histoire d'un patient de 54 ans qui s'est présenté aux urgences cet hiver mais qui est rentré chez lui car le service était fermé. "Quatre jours plus tard, quand il est arrivé dans mon service, il était en détresse respiratoire à cause d’un énorme abcès pulmonaire. On l’a ventilé, intubé, mais c’était trop tard, il est mort. Je ne peux pas l’oublier."

"On dit rien et ça passe"

Cité par Le Parisien, le chef d’un grand service des urgences lance une terrible accusation : "La vérité, c’est que lorsqu’il y a des morts, on ne fait pas remonter l’info aux autorités. Si ça ne fait pas trop de bruit et qu’on sait qu’on peut s’en sortir, on met l’incident sous le tapis. On dit rien et ça passe…".

Même constat amer des Français dans les colonnes du journal. Karine se souvient de la journée où sa mère de 80 ans, atteinte de la maladie de Parkinson, est restée vingt-sept heures sans dormir dans les urgences de Jossigny (Seine-et-Marne). Elle avait écrit sur une ardoise : "Je suis stressée". Elle est décédée le 13 juillet dans son Ehpad.

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