« Uniqlo ! Curly ! Mais comment as tu pu ? »

« Je rêve de surprendre un jour l’un d’entre eux, écœuré par trop de topinambours, boulotter en catimini quelques chips bourrées de graisses saturées. »  - Credit:Soledad Bravi
« Je rêve de surprendre un jour l’un d’entre eux, écœuré par trop de topinambours, boulotter en catimini quelques chips bourrées de graisses saturées. » - Credit:Soledad Bravi

Une amie, lasse de voir son fils écolo vêtu de pantalons élimés et de pulls sans forme, a récemment procédé à quelques achats dans une grande enseigne japonaise puis déposé un paquet d'habits neufs dans la chambre de son garçon. Le paquet, non ouvert, lui fut aussitôt retourné barré d'un Post-it outragé : « Uniqlo ? Mais comment as-tu pu ? »

Pourtant mue par le souci bien inoffensif d'habiller correctement son enfant, mon amie fut accusée, au dîner familial, d'un quasi-crime de guerre. Et comme tant de parents dont la progéniture s'est prise de passion pour la légitime défense des Ouïghours et la lutte, tout aussi légitime, contre la fast fashion, elle a maintenant interdiction de se fournir dans l'une de ces enseignes peu chères qui font fabriquer leurs vêtements en Chine – donc, en fait, dans à peu près toutes.

Trois solutions s'offrent à elle : 1/miser sur l'appli de seconde main Vinted jusqu'à ce que son fils prenne conscience du coût écologique exorbitant des livraisons tous azimuts, 2/se fournir chez des marques faisant fabriquer leurs vêtements en Europe – je lui souhaite dès lors une prompte augmentation de salaire –, 3/se convaincre qu'avoir un fils politisé et altruiste, même sapé comme un clown, doit la gonfler d'orgueil.À LIRE AUSSI Ces professionnels de l'auto-promo

Vêtue toute mon adolescence des vêtements antédiluviens de mes grandes sœurs – en gros de pantalons à pattes d'éph quand la mode était aux pantalons resserrés aux chevilles –, j'aurai [...] Lire la suite