Union européenne : Cette déclaration de Thierry Breton sur Ursula von der Leyen sent la guerre pour les postes clés

Ursula von der Leyen et Thierry Breton, le 4 décembre 2019 à Bruxelles.
KENZO TRIBOUILLARD / AFP Ursula von der Leyen et Thierry Breton, le 4 décembre 2019 à Bruxelles.

POLITIQUE - Calife à la place du calife ? Si le commissaire européen Thierry Breton ne reconnaît pas officiellement qu’il en rêve, il ne se prive pas non plus de tacler l’actuelle présidente de la Commission Ursula von der Leyen. Et ce à 90 jours des élections européennes à l’issue desquelles les postes clés de l’UE seront renouvelés.

Ce jeudi 7 mars, le Congrès du Parti populaire européen (PPE) a officiellement entériné la candidature d’Ursula von der Leyen pour un deuxième mandat à la tête de la Commission. L’Allemande de 65 ans a obtenu 400 voix pour (et 89 contre) lors de ce Congrès organisé à Bucarest. Un désaveu, estime un journaliste européen qui rappelle qu’à peine la moitié des 800 élus du Congrès se sont prononcés.

La Commission contrainte de réagir

C’est en l’occurrence sur ce point que Thierry Breton, commissaire au Marché intérieur et membre du groupe Renew, a réagi : « Malgré ses qualités, Ursula von der Leyen est mise en minorité par son propre parti. La vraie question désormais : est-il possible de (re)confier la gestion de l’Europe au PPE pour 5 ans de plus, soit 25 ans d’affilée ? Le PPE lui-même ne semble pas croire en sa candidate », écrit le Français, mettant clairement en doute le soutien dont bénéficie l’actuelle présidente. Selon le PPE toutefois, seuls 737 délégués avaient le droit de voter pour l’élection de la candidate, et 591 étaient effectivement inscrits.

Preuve de son importance, cette pique du commissaire français a - fait rare - conduit l’exécutif européen à faire un rappel des règles de conduite ce vendredi. Une porte-parole de la Commission a indiqué qu’il s’agissait « d’une remarque faite à titre personnel, et non en la qualité de commissaire » de Thierry Breton.

« Le secrétaire général (de la Commission) va envoyer un rappel à tous les commissaires sur les directives qui ont été définies pour la période de campagne électorale qu’ils doivent respecter », a poursuivi la porte-parole, Veerle Nuyts, lors du point de presse quotidien. « Nous demandons aux commissaires de faire preuve de discernement dans l’application de ces règles », a-t-elle ajouté.

Von der Leyen fragilisée, Breton en embuscade

Ursula von der Leyen fait figure de favorite des élections prévues du 6 au 9 juin. Mais son bilan est contesté, notamment par la droite française. Bien que les eurodéputés LR siègent tous au sein du PPE, Éric Ciotti et François-Xavier Bellamy ont publiquement annoncé qu’ils ne soutiendraient pas la présidente sortante, jugée trop proche des libéraux de Renew, délégation où siègent les Macronistes. Les LR ne sont que 7 au Parlement européen, bien trop peu pour faire pencher la balance. Mais « le résultat du congrès du PPE montre que notre ligne a été largement partagée » estime sur X la tête de liste François-Xavier Bellamy.

Preuve que le scrutin n’est pas gagné d’avance, surtout face à la montée des forces d’extrême droite dans les sondages, Ursula von der Leyen a opéré depuis quelque temps déjà un virage à droite, mettant notamment en sourdine les enjeux climatiques. « On observe qu’elle cherche les voix sur sa droite » en se rapprochant notamment de la Première ministre italienne Giorgia Meloni (extrême droite) avec qui elle s’est par exemple affichée à Kiev pour les deux ans de l’invasion russe en Ukraine, analyse pour l’AFP Thierry Chopin, conseiller spécial de l’Institut Jacques Delors et professeur invité au Collège d’Europe.

En face, Thierry Breton, membre de Renew, se positionne lentement mais sûrement, selon les confidences d’habitués de la Commission. Début août, l’un d’eux disait au Figaro n’avoir « aucun doute » quant à la future candidature du commissaire français à la tête de l’institution. Reste qu’à ce stade, il est encore tôt pour avancer ses pions. Une candidature de Thierry Breton n’a de vraies chances d’aboutir que si le PPE perd (et largement) sa place de 1er groupe au Parlement et que Renew (actuellement troisième) réussit à s’y imposer. Un scénario difficile à prévoir à trois mois du scrutin. L’éventuel soutien d’Emmanuel Macron sera aussi décisif, mais pour l’heure, le président de la République hésite encore à appuyer la présidente sortante selon des confidences de l’entourage présidentiel au Point le 7 mars.

À voir également sur Le HuffPost :

Les « polluants éternels » sont de plus en plus présents dans les fruits et légumes consommés dans l’UE

Européennes 2024 : La France insoumise dévoile sa liste (avec quelques surprises et une ambition d’union)