Uniforme à l’école : a-t-il déjà été obligatoire de le porter en France ?

Une enseignante devant une classe de filles portant l'uniforme des les années 1900, en France (Photo by © Hulton-Deutsch Collection/CORBIS/Corbis via Getty Images).
Une enseignante devant une classe de filles portant l'uniforme des les années 1900, en France (Photo by © Hulton-Deutsch Collection/CORBIS/Corbis via Getty Images).

Alors que le Rassemblement national propose ce jeudi d’imposer le port de l’uniforme à l’école, Brigitte Macron s’est prononcée la veille en faveur d’une telle mesure. Si certains parlent de "rétablir" le code vestimentaire, la réalité est plus complexe.

Le port de l’uniforme à l’école revient au centre des débats politiques. Le Rassemblement national profite de sa niche parlementaire, ce jeudi, pour relancer le débat sur un sujet qui a déjà fait couler beaucoup d’encre. Hasard du calendrier, Brigitte Macron s’est prononcée en faveur du code vestimentaire la veille dans les colonnes du Parisien. L’opposition est très vite montée créneau à l’image de Marine Tondelier, la Secrétaire nationale d’EELV, et de Cyrielle Chatelain, cheffe du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, pour dénoncer "une proposition rétrograde".

L'uniforme, symbole d'autorité ou de luttes contre les inégalités

Selon la Première dame, le port de l’uniforme est un moyen d’occulter les inégalités sociales : "Cela gomme les différences, on gagne du temps - c’est chronophage de choisir comment s’habiller le matin - et de l’argent - par rapport aux marques". L’épouse d’Emmanuel Macron précise avoir porté la jupette et le pull bleu marine 15 ans et l’avoir "bien vécu".

À l’inverse, le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, a récemment déclaré s’opposer au port de l’uniforme à tous les élèves. "En revanche, les établissements ont toute liberté, par une modification de leur règlement intérieur d’imposer, s’ils le souhaitent, une tenue scolaire", souligne t-il. Et d’ajouter : "Je mets en garde contre celles et ceux qui pensent que le port de l’uniforme réglerait magiquement les problèmes" d’inégalités.

La droite conservatrice érige aussi l’uniforme en symbole d’autorité et de moyen de gommer le communautarisme qui repose sur une nostalgie passée erronée. "Rétablissons l’uniforme à l’école, vous n’aurez plus le problème de savoir si l’ayaba est religieux", estimait par exemple Georges Fenech, ancien magistrat et consultant pour Cnews. Or, le port de l’uniforme n’a jamais été obligatoire pour tous les élèves en France.

Une obligation pour certains

"L’uniforme défendu par les politiques correspond à un passé mythique, un âge d’or complètement imagé", estime Claude Lelièvre, historien spécialiste de l’éducation interrogé par Le Parisien. Il rappelle que le port de l’uniforme n’a jamais été obligatoire dans les écoles primaires publiques.

Seuls certains établissements privés, dans le primaire et dans le secondaire, ont adopté le code vestimentaire. Loin des questions d’égalité, car il n’y avait pas de mixité sociale, "il s’agissait surtout d’écoles huppées qui cherchaient à se distinguer", souligne le spécialiste de l’éducation dans Ouest France.

Quelques établissements publics, mais des collèges et lycées uniquement, ont également pu adopter l’uniforme. "Lors de la création des lycées par Bonaparte en 1802, qui marque la naissance de l’enseignement public, les internes étaient tenus de le porter", explique l’historien de l'Éducation, Jean-François Condette, cité par Libération. Si les externes en étaient dispensés, ils avaient "une tenue à peu près similaire à la petite bourgeoisie de l’époque".

Le tournant de Mai-68

Quant à la blouse, qui n’était pas obligatoire, elle avait surtout pour but de protéger les vêtements des taches d’encre. Elle a disparu en même temps que la plume et avec l’arrivée des stylos à bille.

Le déclin de l’uniforme, bien amorcé après la Secondaire mondiale, est acté à la suite du mouvement de Mai-68. Les équipes éducatives ont alors cessé de contrôler la tenue des élèves et les filles ont pu venir maquillées et en pantalon. Une petite révolution à l’époque.

VIDÉO - Uniforme : faut-il rhabiller les écoliers ?