Une trentaine de civils massacrés dans le nord-est de la RDC

par Fiston Mahamba GOMA, République démocratique du Congo (Reuters) - Des hommes armés ont tendu une embuscade à un groupe d'une trentaine de civils dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC) et tué nombre d'entre eux avant d'engager des affrontements avec l'armée, a-t-on appris dimanche auprès de responsables politiques dans la région. L'est de la RDC, où se trouvent l'essentiel des ressources mondiales de coltan, minerai utilisé dans les téléphones mobiles et autres produits électroniques, est en proie à des conflits meurtriers depuis plus de 20 ans. L'attaque s'est produite samedi près de la ville de Beni. Si le bilan se confirme, il s'agirait de la première tuerie de masse dans cette région depuis le début de l'année. Le nord-est de la RDC a été relativement épargné par les violences en 2017 après avoir été le théâtre de dizaines de massacres qui ont coûté la vie à plus de 800 personnes entre 2014 et 2016. Selon Boris Maelezo, membre du Parlement originaire de la région, les assaillants armés de pistolets et de machettes ont attaqué des voyageurs circulant à moto sur la principale route reliant Beni, dans le Nord-Kivu, à l'Ouganda voisin. La plupart des civils pris en embuscade ont été tués, a-t-il dit. D'après un autre parlementaire local, Albert Baliesima Kadukima, deux femmes laissées libres par les agresseurs ont raconté que ces derniers avaient égorgé plus d'une dizaine de personnes. Mak Hazukay, porte-parole de l'armée, a déclaré que les militaires s'efforçaient de chasser les hommes armés d'une portion de la route qui s'étend sur plusieurs kilomètres. Selon les deux élus et l'officier, les assaillants appartiennent aux Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe islamiste ougandais actif dans la zone frontalière entre la RDC et l'Ouganda. Les autorités congolaises ont attribué presque tous les massacres des trois dernières années aux ADF, mais, selon certains experts, notamment de l'Onu, plusieurs groupes armés, ainsi que des commandants de l'armée nationale, sont à l'origine de ces tueries dans le cadre de la lutte d'influence qui les oppose dans le secteur. Par ailleurs, des hommes d'une milice bantoue ont fait s'évader une cinquantaine de prisonniers d'une prison de Pweto, dans le sud-est de la RDC, a déclaré un représentant du gouvernement local. Un grand nombre d'évasions ont eu lieu ces derniers mois et notamment une à Kinshasa, la capitale, lors de laquelle plus de 4.000 prisonniers se sont échappés. La sécurité s'est nettement détériorée en RDC depuis que le président Joseph Kabila a refusé de démissionner à la fin de son mandat constitutionnel en décembre dernier. (Avec Aaron Ross; Jean-Stéphane Brosse et Danielle Rouquié pour le service français)