Une cinquantaine de morts au Soudan, selon deux ONG

KHARTOUM (Reuters) - Les ONG de défense des droits de l'homme Amnesty International (AI) et le Centre africain d'études sur la justice et la paix (ACJPS) ont contesté vendredi le bilan officiel des violences survenues lors de manifestations au Soudan cette semaine. Des milliers de personnes ont défilé dans les rues de Khartoum et d'autres villes du centre du pays pour dénoncer la suppression, à compter du 23 septembre, des subventions publiques au prix des carburants. Les manifestants se sont par la suite enhardis en dénonçant la corruption du régime et en réclamant la démission du président Omar Hassan al Bachir, au pouvoir depuis le coup d'Etat militaire de 1989 et recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour son rôle présumé dans les exactions au Darfour. Jeudi soir, la police a fait état d'un bilan de 29 morts, dont plusieurs membres des forces de l'ordre. L'opposition a évoqué pour sa part une centaine de victimes. Selon les deux ONG, qui s'appuient sur les récits de témoins, de parents, de médecins et de journalistes, ce chiffre est d'au moins 50 morts et plusieurs centaines de personnes ont été interpellées. Parmi les morts figurerait, toujours d'après le communiqué d'AI et d'ACJPS, un adolescent de 14 ans. Les autres victimes seraient pour la plupart âgées de 19 à 26 ans. "Ouvrir le feu avec l'intention de tuer, notamment en visant la poitrine et la tête, constitue une violation flagrante du droit à la vie. Les autorités soudanaises doivent faire cesser sur le champ la répression violente menée par les forces de sécurité", a déclaré Lucy Freeman, directrice adjointe pour l'Afrique à Amnesty International. Aucune vérification indépendante des bilans avancés n'est pour le moment possible. Le Soudan a réussi jusqu'ici à échapper aux révoltes qui ont balayé depuis 2011 plusieurs autocrates dans le monde arabe. Khalid Abdelaziz et Ulf Laessing; Jean-Loup Fiévet pour le service français, édité par Gilles Trequesser