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Un rapport souligne le déclin alarmant de la biodiversité

par Alister Doyle

OSLO (Reuters) - Les activités humaines provoquent un déclin alarmant de la biodiversité sur Terre et menacent les ressources en nourriture, en eau potable et en énergie, souligne un vaste rapport publié vendredi par un groupe d'experts soutenus par les Nations unies.

Pollution, changement climatique et déforestation constituent des menaces croissantes pour la nature, selon cette compilation de comptes rendus établis par plus de 550 experts et approuvés par 129 Etats après des discussions en Colombie.

"La biodiversité, cette variété essentielle des formes de vie sur Terre, continue à se réduire dans chaque région du monde", relèvent les auteurs du rapport établi par l'IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques), un groupe d'experts international sur la biodiversité.

"Cette tendance alarmante met en péril partout la qualité de vie des populations."

"La biodiversité et les contributions de la nature semblent, pour beaucoup de gens, des questions d'universitaires très détachées de leur vie quotidienne. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité", a dit Robert Watson, président de l'IPBES.

Le document assemble quatre rapports régionaux couvrant les Amériques, l'Asie-Pacifique, l'Afrique, et l'Europe et l'Asie centrale. Seuls les pôles et la haute mer ne sont pas étudiés.

Dans le monde entier, davantage d'espèces animales et végétales sont actuellement menacées. Plus de la moitié des oiseaux et mammifères d'Afrique pourraient disparaître en raison du changement climatique d'ici 2100.

Concernant la pollution, huit des dix cours d'eau contenant le plus de déchets plastiques se trouvent en Asie. Si le rythme actuel de surpêche se poursuit, il n'y aura plus de stocks de poissons exploitable dans la région Asie-Pacifique d'ici le milieu du siècle, estime encore le rapport.

EMPREINTE ÉCOLOGIQUE

La hausse des populations humaines dans de nombreux pays en développement requiert la mise en place de nouvelles politiques à la fois pour protéger la nature et réaliser les objectifs d'éradication de la pauvreté et de la faim d'ici 2030.

En Europe et en Asie centrale, les marécages ont diminué de moitié depuis 1970. L'empreinte écologique moyenne - soit la surface nécessaire pour produire les ressources consommées par un individu - est de 5,1 hectares, alors que la surface disponible est de 2,2 hectares.

Deux études distinctes coordonnées par le CNRS et le Museum d'histoire naturelle de Paris et publiées en début de semaine ont conclu que les oiseaux disparaissaient des campagnes françaises à "une vitesse vertigineuse", y voyant un lien avec l'évolution des pratiques agricoles.

Pour les Amériques, le rapport estime que la valeur de la nature pour l'homme - sous la forme de récoltes, de bois ou de tourisme par exemple - représente au moins 24.300 milliards de dollars annuellement, soit l'équivalent du produit intérieur brut des deux sous-continents, de l'Alaska à l'Argentine.

Mais il souligne que près des deux tiers de ces contributions naturelles sont en baisse dans la sous-région.

Parmi les autres évaluations d'ordre économique, le rapport sur l'Afrique estime que l'absorption des gaz à effet de serre par un hectare de forêt d'Afrique centrale vaut chaque année 14.000 dollars.

Quelques points positifs sont également relevés dans ce rapport.

La couverture végétale a grimpé de 22,9% en Chine et dans les autres pays de l'Asie du Nord-Est entre 1990 et 2015. Les parcs et les zones protégées s'étendent dans de nombreuses régions, comme les Amériques et l'Asie-Pacifique.

Et des populations animales comme celles du lynx ibérique, du tigre de l'Amour ou du léopard d'Extrême-Orient ne sont plus sous la menace directe d'une extinction grâce aux programmes de conservation.

(Jean-Stéphane Brosse pour le service français)