Un Français inculpé en Israël pour trafic d'armes

Un policier patrouille à la frontière israélienne.Un Français travaillant pour le consulat général de France à Jérusalem a été inculpé lundi en Israël pour avoir convoyé clandestinement des armes entre la bande de Gaza et la Cisjordanie. /Photo d'archives/REUTERS/Amir Cohen

par Dan Williams

JERUSALEM (Reuters) - Un Français travaillant pour le consulat général de France à Jérusalem a été inculpé lundi en Israël pour avoir convoyé clandestinement des armes entre la bande de Gaza et la Cisjordanie.

Romain Franck, 23 ans, a été interpellé le 15 février en même temps qu'un Palestinien de Jérusalem-Est employé comme agent de sécurité au consulat ainsi que sept autres suspects, a précisé le Shin Bet, service israélien de sécurité intérieure, dans un communiqué.

Romain Franck, qui a comparu en milieu de journée devant le tribunal de Beersheba, est soupçonné d'avoir utilisé un véhicule de sport appartenant au consulat afin de transporter 70 pistolets et deux fusils d'assaut entre la bande de Gaza administrée par le Hamas et la Cisjordanie.

Il aurait effectué cinq trajets entre les deux territoires palestiniens - le premier vers le 21 décembre, le dernier vers le 12 février.

Il aurait été payé 7.600 dollars pour ce trafic, selon le dossier d'accusation.

Romain Franck "a agi pour des raisons financières, de sa propre initiative et sans que ses supérieurs en aient connaissance", a affirmé le Shin Bet. Selon un responsable du service de la sécurité intérieure, le jeune homme n'était pas animé par des raisons idéologiques ou par une adhésion à la cause palestinienne.

Le jeune homme aurait reçu les armes d'un Palestinien employé au centre culturel français à Gaza. L'utilisation d'un véhicule consulaire lui permettait de bénéficier de contrôles de sécurité allégés au passage du poste-frontière d'Erez entre Gaza et Israël.

"Il s'agit d'un incident grave dans lequel l'immunité et les privilèges accordés aux missions diplomatiques en Israël ont été exploités d'une manière cynique pour passer en contrebande des dizaines d'armes qui pouvaient être utilisées pour des attaques terroristes contre des civils israéliens et les forces de sécurité", poursuit le communiqué du Shin Bet.

A Paris, le ministère français des Affaires étrangères a déclaré prendre cette affaire "très au sérieux".

"S'agissant d'une affaire dont est saisie la justice israélienne, nous veillons à ce que l'ensemble des droits de notre compatriote soient bien respectés et ne faisons pas de commentaires détaillés", ajoute le Quai d'Orsay.

Le ministre français, Jean-Yves Le Drian, "a diligenté une enquête administrative sur place", précise-t-il.

(Dan Williams avec John Irish à Paris; Pierre Sérisier et Guy Kerivel pour le service français)