Que se passera-t-il si la Grèce ne rembourse pas le FMI ?

BRUXELLES (Reuters) - La Grèce a déclaré qu'en l'absence d'accord avec ses créanciers permettant le versement de nouvelles aides, elle ne serait pas en mesure de rembourser 1,6 milliard d'euros au Fonds monétaire international (FMI) le 30 juin. Ce défaut de fait enclencherait une réaction en chaîne qui pourrait conduire à une sortie de la Grèce de la zone euro. Une source proche des discussions en cours a déclaré que le FMI n'accordait aucun délai de grâce; dans ce cas, l'Etat grec serait considéré comme étant en situation de défaut envers le Fonds dès le 1er juillet. Une telle situation pourrait encore accélérer les retraits des sommes déposées dans les banques grecques et donc forcer les autorités à instaurer des mesures de contrôle des capitaux pour endiguer les sorties de capitaux du pays. Un responsable de l'UE a toutefois précisé qu'un non-paiement de la dette au FMI n'entraînerait pas automatiquement un défaut sur les prêts accordés à la Grèce par les institutions et les Etats membres de la zone euro. LES BANQUES GRECQUES DÉPENDANTES DE LA BCE L'étape suivante dépendra du délai pendant lequel la Banque centrale européenne (BCE) continuera d'autoriser la banque centrale grecque à prêter des liquidités aux établissements financiers helléniques dans le cadre de sa procédure d'urgence, l'ELA (Emergency Liquidity Assistance), sachant que ce dispositif est garanti en partie par des titres émis par l'Etat. Depuis février, le Conseil des gouverneurs de la BCE relève semaine après semaine le plafond de l'ELA, qui atteint désormais 84,1 milliards d'euros. Elle peut le geler, voire l'abaisser, mais aussi augmenter la décote ("haircut") qu'elle applique aux titres apportés en garantie par les banques, qu'il s'agisse de dette publique ou privée. La banque centrale risque de voir rapidement augmenter les pressions politiques en faveur d'une interruption de cette assistance, estiment des sources proches du dossier. D'autant que les grosses échéances qui attendent la Grèce en juillet-août sont des remboursements à la BCE elle-même, pour un montant total de 6,8 milliards d'euros. Des voix pourraient aussi s'élever pour demander à l'Union européenne de suspendre le versement à Athènes des crédits issus du budget de l'UE. DES INTERROGATIONS SUR LE BUDGET GREC Il est difficile de déterminer combien de temps l'Etat grec pourrait continuer de payer les traitements des fonctionnaires, les retraites et ses fournisseurs en l'absence de nouvelles aides. Le budget de l'Etat est proche de l'équilibre primaire (hors service de la dette) et le gouvernement a ordonné aux collectivités locales de transférer leur trésorerie à la banque centrale. Mais l'incertitude et les tensions politiques risquent de provoquer une baisse des recettes fiscales. L'agence de notation Standard & Poor's a abaissé la semaine dernière la note de la dette grecque et celle de quatre grandes banques à "CCC", donc en catégorie "junk", un échelon qui intègre un risque de défaut à un horizon d'un an en l'absence de compromis avec les créanciers. S&P a noté que le gouvernement semblait donner la priorité au paiement des retraites et des salaires sur le remboursement de la dette aux créanciers. L'Etat grec pourrait à terme choisir de payer partiellement ou totalement ses fournisseurs sous forme de reconnaissances de dette ("IOU"). Si ces titres sont utilisables pour payer des biens ou des services, Athènes instaurerait donc ainsi de fait une monnaie parallèle à l'euro. (Paul Taylor, Marc Angrand pour le service français)