Twitch attire les prédateurs en ligne, voici comment en protéger vos enfants
INTERNET - Depuis le confinement, Twitch tend à devenir incontournable. Mais cette plateforme de streaming où l’on regarde une personne jouer, réagir à des vidéos ou simplement discuter, a un sérieux problème de prédation en ligne. Un défaut récemment mis en avant par une étude de la revue American Acamedy of Pediatrics, qui révèle que la moitié des jeunes streameurs n’hésitent pas à partager des éléments de leur vie privée, parfois avec des spectateurs totalement anonymes.
Sur Twitch, les enfants n’hésitent ainsi pas à partager des informations personnelles comme leur adresse (dans 50 % des cas) ou leur identité sur d’autres réseaux sociaux (pour 64 % d’entre eux). La raison ? Un lien de confiance se tisse entre le streamer et sa communauté de spectateurs, qui partage un moment, voire une passion. Mais ces derniers ne sont pas forcément tous bien intentionnés.
Les donations et le risque de grooming
L’une des sources du problème provient du fonctionnement même de Twitch : pour soutenir son streameur favori, il est possible de non seulement de s’abonner à sa chaîne mais aussi de lui faire des dons d’argent, s’il l’accepte.
Selon l’étude, les « viewers » (les spectateurs) ont pu envoyer de l’argent à des streamers mineurs dans 37 % des cas. « Le système de dons me fait assez peur », s’alarme Fiona Dubrosa, l’une des autrices de l’étude : « L’idée que n’importe qui puisse donner de l’argent aux streamers de tout âge semble très manipulatrice ».
Derrière ces dons ce cache la question du grooming. Ce terme anglais désigne l’ensemble des pratiques ou un adulte joue de son influence pour solliciter des faveurs sexuelles à un mineur, par des compliments, par des cadeaux ou par le tissage d’un lien de confiance. Ce phénomène n’est pas nouveau sur internet, et est régulièrement dénoncé par des youtubeurs et streameurs, comme le français Feldup.
« Par exemple, je suis allée sur le stream d’une jeune fille qui devait avoir entre 8 et 9 ans » , raconte au HuffPost, non sans émotions, Fiona Dubrosa , «J’étais sur le live depuis deux minutes seulement que j’ai vu un message lui demandant de changer de vêtements. La petite fille s’est exécutée. Elle a essayé des tenues devant la caméra parce qu’un viewers le lui avait demandé ». À cause de l’anonymat, difficile de déterminer s’il s’agit d’un prédateur ou d’un ami réalisant une blague plus que douteuse.
Encore plus inquiétant, les streameurs mineurs sont très facilement repérables sur la plateforme. Le temps le plus long qu’il a fallu aux chercheurs de l’étude pour trouver un utilisateur mineur était d’environ cinq minutes.
Comment protéger ses enfants ?
Pour limiter les risques, Twitch a pourtant pris des mesures, comme interdire l’accès aux moins de 13 ans. Mais elles sont facilement contournables, alors que la plateforme peut difficilement modérer l’ensemble des 2,5 millions d’heures de contenu en direct quotidiennes, diffusées dans 35 langues. Ces mesures ne règlent pas non plus le problème pour les jeunes de 13 ans ou plus. « Il s’agit littéralement d’ouvrir une fenêtre sur votre chambre et de laisser entrer des étrangers. » S’inquiète le docteur Ruth Milanaik, pédiatre et chercheuse principale de l’étude.
Cela ne veut pas dire qu’il faut forcément interdire Twitch à ses enfants. La plateforme est aujourd’hui très utilisée, au même titre que youtube par exemple. Ce qu’il faut alors c’est éviter les comportements à risque, comme autoriser les dons d’argent, véritable point d’entrée pour les prédateurs.
Il est possible de garder un œil sur vos enfants lorsqu’ils sont en stream, de la même manière que l’on surveille son enfant à la plage. Twitch permet aussi aux streamers d’avoir des modérateurs dans leur tchat, qui peuvent supprimer les messages et bannir les viewers dont le comportement est inappropriée. Il n’est pas interdit à un membre de la famille de jouer ce rôle.
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