Turquie : l'ancien correspondant de «Libé» Ragip Duran condamné par la justice d'Ubu roi

Le portrait du président Recep Tayyip Erdogan, à Istanbul en avril.

Correspondant de notre journal pendant vingt ans, aujourd'hui vivant hors de Turquie, il vient d'être condamné à 18 mois de prison ferme.

Ragip Duran fut pendant plus de vingt ans le correspondant de Libération en Turquie. Longtemps il a pu exercer son métier dans des conditions acceptables, mettant au service de notre journal sa grande compétence et sa sensibilité avisée. Il vient d’être condamné à 18 mois de prison ferme au terme d’un procès qui n’est qu’une mascarade, pour «avoir fait la propagande d’une organisation terroriste». Son crime ? Avoir participé à une campagne de solidarité avec le quotidien kurde Ozgür Gündem, en acceptant symboliquement d’être pour vingt-quatre heures, après bien d’autres, le «codirecteur de la publication de garde» de ce journal menacé par les autorités. Fort heureusement, sachant qu’il était dans le collimateur des sbires de Recep Tayyip Erdogan, Ragip avait pris le large et émigré hors de Turquie. Il échappe ainsi à peine de prison inique qui vient de lui être infligée. Mais il ne peut plus rentrer dans son pays.

La cour a retenu contre lui son attitude pendant les audiences, où, dit-elle, il n’a pas exprimé de regrets. En oubliant un détail : Ragip avait demandé dès le début du procès à ne pas participer aux débats, ce que la cour lui avait accordé. Il n’est donc jamais paru devant les juges qui ont rendu le verdict… Tout est à l’avenant dans le fonctionnement de la justice turque, désormais calqué sur les mœurs d’Ubu roi. Les journalistes emprisonnés en Turquie sous des prétextes fallacieux le sont toujours pour le seul fait d’avoir continué d’exercer leur profession. Libération condamne évidemment ces pratiques totalement contraires aux droits minimaux des individus et exprime son entière solidarité avec les prisonniers de la tyrannie turque.



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