En Turquie, deux joueurs israéliens s’attirent les foudres d’Ankara avec des messages de soutien aux otages

Avec ce simple geste, Sagiv Jehezkel s’est attiré les foudres de la Turquie. Un autre joueur israélien a connu un destin similaire le même jour avec un post Instagram.
HANDOUT / AFP Avec ce simple geste, Sagiv Jehezkel s’est attiré les foudres de la Turquie. Un autre joueur israélien a connu un destin similaire le même jour avec un post Instagram.

INTERNATIONAL - Tout perdre ou presque, à cause d’une inscription sur un bandage ou pour un post Instagram. C’est ce que risquent de vivre en Turquie deux footballeurs israéliens, Sagiv Jehezkel et Eden Karzev pour avoir affiché leur soutien aux otages du Hamas.

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Les deux hommes, évoluant en première division du championnat turque, sont actuellement dans une situation délicate et l’un d’eux doit prochainement être jugé, après avoir été accusé d’incitation à la haine pour avoir marqué son soutien aux otages du mouvement islamiste palestinien dimanche, à l’occasion du 100e jour de conflit entre Israël et le Hamas.

« 100 jours. 07 /10 »

Il y a d’abord le cas de Sagiv Jehezkel. Footballeur de 28 ans, il a été relâché ce lundi 15 janvier par les autorités turques et a rejoint Israël dans la foulée. Il avait été arrêté la veille au soir, à l’issue d’un match avec son équipe d’Antalya. À la 68e minute de jeu contre Trabzonspor, Sagiv Jehezkel avait inscrit le but de l’égalisation.

Le moment idéal, selon lui, pour partager une pensée pour les nombreux otages du Hamas palestinien qui attendent toujours leur libération après 100 jours de captivité. Le joueur avait donc montré son poignet gauche à la caméra : sur un bandage, on pouvait y lire l’inscription en anglais « 100 jours. 07 /10 ».

Comme le rapporte la BBC, son geste a provoqué une réaction immédiate de la Turquie, qui a ouvert une enquête pour « incitation publique à la haine et à l’hostilité ».

Pourtant, le joueur s’était tout de suite défendu devant la police : « Je n’ai jamais manqué de respect à qui que ce soit depuis que je suis en Turquie. Je veux que la guerre s’arrête », s’est-il défendu d’après la chaîne de télévision privée NTV, qui affirme avoir eu accès au contenu de son interrogatoire par la police.

Un club proche du pouvoir turc

L’autre joueur israélien du championnat turc, Eden Karzev, 23 ans, est quant à lui préservé de poursuites judiciaires à ce stade, mais il fait déjà l’objet d’une enquête disciplinaire de la part de son club Basaksehir, connu pour sa proximité avec la présidence turque comme le note l’AFP.

Eden Karzev a partagé dimanche une publication en story Instagram pour demander la libération immédiate des otages : « 100 - Ramenez-les à la maison MAINTENANT ». Le joueur israélien est donc accusé par son club d’avoir « violé les instructions disciplinaires en publiant sur son compte personnel (...) un message qui contredit les sensibilités de notre pays », comme le rapporte NTV.

Une capture d’écran de la story Instagram partagée par le joueur israélien Eden Karzev.
Capture d’écran Instagram Une capture d’écran de la story Instagram partagée par le joueur israélien Eden Karzev.

« Une défense écrite du joueur a été demandée à cet égard », précise le communiqué du club relayé par NTV.

Exclusion et procès en attente

Concernant Sagiv Jehezkel, le ministre turc de la Justice, Yilmaz Tunc, a déclaré que l’enquête ouverte contre le sportif l’avait été en raison de son « action ignoble soutenant le massacre d’Israël à Gaza ». Sur X, il avait également qualifié sa célébration d’« odieuse ».

Yilmaz Tunc a également estimé que le message du joueur sur son poignet pouvait être interprété comme un témoignage de soutien aux opérations militaires israéliennes réalisées en représailles dans la bande de Gaza.

Sagiv Jehezkel a depuis été suspendu par son club en attendant son procès, comme l’a fait savoir le ministre israélien des Affaires étrangères. L’AFP précise qu’on ignore encore si un procès par contumace du joueur aura lieu.

« Celui qui arrête un footballeur pour un acte d’identification avec 136 personnes enlevées, aux mains d’une organisation terroriste meurtrière depuis plus de 100 jours, représente une culture de meurtre et de haine », a réagi le ministre israélien, alors que son homologue de la Défense a directement accusé la Turquie d’« agir en tant que branche exécutive du Hamas ».

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