Tunisie : le sang de l'informel

Sbeïtla, située à 30 km de Kasserine, fait partie des villes de l'intérieur tunisien défavorisé où les mouvements de protestations sont récurrents pour réclamer travail et investissements.
Sbeïtla, située à 30 km de Kasserine, fait partie des villes de l'intérieur tunisien défavorisé où les mouvements de protestations sont récurrents pour réclamer travail et investissements.

C'est une tragique histoire qui en rappelle une autre, celle qui a déclenché la révolution de 2011, lorsqu'un vendeur informel de fruits et légumes s'était immolé à Sidi Bouzid. À quarante-cinq minutes du berceau du Printemps arabe, Sbeïtla. Cette ville de moyenne taille, 26 000 habitants, fait partie de la ceinture du centre du pays. Le taux de chômage y avoisine les 22 %. Dans ce centre-est défavorisé, l'informel est l'un des piliers de l'économie. La frontière algérienne se situe à 50 kilomètres, les pick-up y font des allers et retours, des convois de toutes marchandises. L'essence made in Algeria jonche les bas-côtés des routes. L'informel est la cause indirecte du drame qui agite cette bourgade. Un homme est mort lors de la démolition d'un kiosque (un petit commerce) illégal que son fils chômeur construisait. La police municipale n'a pas vérifié si le local était inhabité avant de procéder à sa destruction. Abderrazek Khacchnaoui y dormait à des fins de surveillance : il a été tué par les décombres. Dans une région définie comme « marginalisée » par ses habitants, l'incident a provoqué des affrontements. Des militaires ont été déployés devant les institutions de l'État.

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