En Tunisie, une rhétorique toujours plus hostile à l’égard des migrants subsahariens
Le Conseil de sécurité nationale s’est réuni le 6 mai à Carthage autour du président de la République de Tunisie, Kaïs Saïed, pour évoquer les arrivées massives de migrants subsahariens en situation irrégulière, rapporte Business News.
Le site d’information économique indépendant relaie de larges pans d’un communiqué présidentiel diffusé dans la foulée de la réunion. Le chef de l’État y fustige notamment les associations et les ONG qui, selon lui, reçoivent de l’étranger des sommes “astronomiques” pour faciliter l’installation des migrants subsahariens. “Il a ajouté que les migrants subsahariens sont certes des victimes de tout un système, mais que la Tunisie n’est pas responsable de leur misère”, poursuit Business News.
Adepte des théories complotistes, Kaïs Saïed assure qu’il existe entre autres “des plans pour détruire la société à travers les drogues et stupéfiants provenant de l’étranger et conduisant à commettre des crimes atroces”.
Preuve de l’attention toute particulière portée aux structures d’aides aux migrants, selon les informations de Business News, la militante de l’association de défense des minorités Mnemty, Saâdia Mosbah, a été arrêtée dans la nuit du dimanche 5 au lundi 6 mai après la perquisition de son domicile. L’avocat et président de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme, Bassem Trifi, indique dans une publication sur sa page Facebook que la militante est accusée de façon absurde d’“aider des milliers de migrants à entrer en Tunisie depuis les frontières algériennes et libyennes”.
“Le récit selon lequel les associations de la société civile sont responsables de la migration et les accusations de colonisation des migrants ne peuvent être acceptés par une personne raisonnable”, écrit Bassem Trifi.
Démantèlement de plusieurs camps
Alors que le discours du gouvernement à l’égard des migrants se radicalise, le 3 mai, la police a procédé au démantèlement par la force de tentes installées dans un parc public jouxtant l’Organisation internationale pour les migrations et le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, indique le site d’information Tunisie Numérique. Le média rapporte également que 80 migrants ont été arrêtés et écroués suite à ces évènements.
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