En Tunisie, la police des mœurs est-elle de retour ?

Lofti Abdelli, humoriste tunisien très populaire, sillonne les planches de son pays depuis plusieurs années avec ses one-man-show provocateurs. Ce 7 août, à Sfax, il a dû interrompre son spectacle au bout d’une demi-heure, rapporte le quotidien tunisien francophone Le Temps.

Connu pour ses provocations, l’humoriste aurait adressé, en plein spectacle, un doigt d’honneur à la police et au président de la République, Kaïs Saïed. Une attitude qui aurait fortement déplu à certains policiers chargés de la sécurité. Ceux-ci auraient arrêté d’assurer la sécurité et voulu l’agresser physiquement, créant la confusion dans la salle.

Avant de s’éclipser de la scène, l’humoriste et acteur de 52 ans a filmé une vidéo avec le public du festival. “C’est le public de Sfax ! Faisons que l’histoire se rappelle que personne n’est parti. Ça pourrait être mon dernier spectacle en Tunisie… Où es-tu, Kaïs Saïed ?” a-t-il crié.

“Atteintes aux mœurs”

Chokri Hamada, le porte-parole du syndicat des forces de sécurité de l’intérieur, déclare que les policiers refuseront d’assurer la sécurité de “chaque spectacle qui porte atteinte aux mœurs”, indique le quotidien d’État La Presse.

Pour le site d’information libéral Business News, l’argument de “l’atteinte aux bonnes mœurs” avancé par la police ne tient pas debout, étant donné que l’humoriste a toujours puisé dans ce registre.

“Ce n’est pas la première fois que [la police] est la cible d’attaques d’artistes. Ce qui a dérangé dimanche soir notre police, c’est que Lotfi Abdelli s’en est pris directement au président de la République. Pour se faire bien voir par sa hiérarchie, elle a cherché à créer un incident polémique”, écrit Business News.

Cet été, un autre spectacle avait déjà été annulé à Monastir, ville natale du premier président tunisien, Habib Bourguiba. En effet, rappelle La Presse, quelques jours avant, l’humoriste et chanteur Mokdad Shili avait été déprogrammé en raison de “propos tenus à l’égard du leader Habib Bourguiba”.

“La politisation de l’action culturelle et artistique est devenue monnaie courante en Tunisie, au point que les artistes sont continuellement exposés à des menaces, même physiques. En effet, les controverses qui touchent les œuvres de l’esprit et de l’imagination sont omniprésentes et les artistes craignent une nette atteinte à la liberté d’expression”, commente le journal.

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