Tunisie : couvre-feu nocturne après les tensions à Kasserine

Des dizaines de manifestants poussent les deux cordons militaires qui protègent l’entrée du gouvernorat de Kasserine. Les hommes en uniforme leur distribuent des formulaires de demande d’emploi, graal pour les centaines de Kasserinois qui occupent le gouvernorat depuis la mort de Ridha Yahyaoui, jeune chômeur de la ville, le 16 janvier. Derrière le cordon, un civil, assis à une table, est chargé de recueillir les dossiers.

«Ces papiers, ce n’est rien, s’énerve de son côté Tlili Chams Eddine, 30 ans et détenteur d’une maîtrise en informatique. Ils nous demandent juste de noter nos noms et notre niveau d’étude, mais il n’y a ni en-tête ni tampon. C’est pour nous calmer, mais ils n’y arriveront pas.» C’est même le contraire qui s’est produit ces dernières heures.

«Promesse». Jeudi, le gouvernement avait annoncé la création de 5 000 emplois, provoquant un afflux encore plus important devant le gouvernorat, avant que l’annonce ne soit démentie dans la foulée. «Nous ne sommes pas débiles, nous savons qu’il n’y pas 5 000 emplois ici, mais je ne sortirai pas d’ici sans une promesse, poursuit Tlili Chams Eddine. Depuis 2011, rien n’a changé à Kasserine, si ce n’est qu’il y a plus de policiers.»

Ce désenchantement, tout le monde le partage dans la cour du gouvernorat, mais certains ne peuvent s’empêcher de remplir le formulaire «au cas où». Pour maintenir encore un peu plus la pression, plusieurs dizaines de manifestants dorment sur des couvertures dans des salles qu’ils ont réquisitionnées dans le bâtiment. En Tunisie, le taux de chômage atteint 15 %. Un chiffre multiplié par deux pour les jeunes. Ces derniers, piliers de la révolution de 2011, considèrent avoir trop peu bénéficié d’une amélioration de leur vie quotidienne. Le gouvernorat de Kasserine a été classé 21e sur 24 en 2015 en termes d’attractivité économique par l’Institut arabe des chefs d’entreprise. Le taux de chômage y atteint 27 %, selon le syndicat régional de l’enseignement supérieur.

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