Tunisie : le coup de force de Kaïs Saïed contre l’appareil judiciaire ne passe pas

Le chef de l’État a motivé sa ­décision par la «  corruption et la partialité  » du CSM.
Le chef de l’État a motivé sa ­décision par la « corruption et la partialité » du CSM.

Tout un symbole : c'est dans la nuit du 5 au 6 février, anniversaire de l'assassinat du militant Chokri Belaïd en 2013, que le président Kaïs Saïed a annoncé, depuis le ministère de l'Intérieur, la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), une instance indépendante créée en 2016 pour nommer les juges. Le chef de l'État tunisien critique une partie des juges, qu'il accuse de corruption, et estime que le CSM a notamment ralenti des enquêtes sur les assassinats en 2013 de deux militants de gauche, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Il accuse aussi le CSM d'être manipulé par le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, qu'il s'emploie à marginaliser depuis son coup de force de juillet.

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L'inquiétude des partenaires de la Tunisie

Bien qu'il se défende de toute volonté de s'immiscer dans le fonctionnement de la justice, sa décision de dissoudre le CSM lui a valu une salve de critiques en raison des doutes qu'elle fait peser sur l'indépendance de la justice. Les ambassadeurs des pays membres du G7 et de l'Union européenne (UE) en Tunisie se sont ainsi dits, mardi dans un communiqué conjoint, « profondément préoccupés » par cette mesure. « Une justice transparente, indépendante et efficace ainsi que le respect du principe de séparation des pouvoirs sont essentiels au bon fonctionnement d'une démocratie au service du peuple, fondée sur le respect de l'État de droit et des droits et libertés fondamentaux », ont ajou [...] Lire la suite