Tunisie : Choqués par l’arrestation de Sonia Dahmani, les avocats en grève totale dans le pays

TUNISIE - Une « magistrature aux ordres ». Lundi 13 mai, les avocats tunisiens ont observé une grève dans tous les tribunaux du pays pour protester contre l’arrestation musclée d’une de leurs collègues au siège du barreau, selon l’Ordre de la profession.

Cette mobilisation a été décidée après l’interpellation par la force, samedi 11 mai, de l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani dans des locaux de l’Ordre des avocats à Tunis, où elle s’était réfugiée après sa convocation en justice pour des propos qu’elle avait tenus à la télévision.

« La grève a été respectée à 100% », a indiqué lundi à la presse, Laroussi Zguir, président de la section de l’Ordre des avocats de la capitale. Comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article, les confrères et consoeurs de Sonia Dahmani ont crié lundi leur colère devant les tribunaux.

Lors d’une émission diffusée le 7 mai, Sonia Dahmani avait lancé sur le ton de l’ironie « de quel pays extraordinaire parle-t-on ? », en réponse à un autre chroniqueur qui venait d’affirmer que les migrants venus de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, cherchaient à s’installer en Tunisie.

Une juge d’instruction a émis un mandat de dépôt à l’encontre de Sonia Dahmani sans qu’elle ne soit auditionnée, a indiqué à l’AFP son avocate, Dalila Msaddek. « La juge a estimé que les conditions au sein du tribunal n’étaient pas favorables à la tenue de cette audition », a ajouté l’avocate.

Arrestation en direct sur France 24

Résultat, samedi 11 mai, des policiers en civil portant des cagoules se sont introduits au siège de l’Ordre des avocats à Tunis, agressant des avocats et des journalistes avant d’arrêter Sonia Dahmani, selon des vidéos et des témoignages. L’arrestation de l’avocate été filmée en direct par la chaîne France 24, qui était sur place pour l’interviewer.

D’après ses avocats, Sonia Dahmani fait l’objet d’une enquête notamment pour diffusion de « fausses informations dans le but de porter atteinte à la sûreté publique » et « incitation à un discours de la haine », en vertu du décret-loi 54.

Ce décret, promulgué en septembre 2022 par le président Kais Saied, punit de jusqu’à cinq ans de prison quiconque utilise les réseaux d’information et de communication pour « rédiger, produire, diffuser (ou) répandre de fausses nouvelles (...) dans le but de porter atteinte aux droits d’autrui ou de porter préjudice à la sécurité publique ».

Dans la nuit de samedi à dimanche, deux autres chroniqueurs connus ont été également arrêtés en vertu de ce texte, pour des déclarations dans les médias. Un juge d’instruction a prolongé de 48 heures leur détention provisoire.

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