Tueries en Serbie : des dizaines de milliers de manifestants à Belgrade

Les manifestants se sont réunis devant le Parlement, dans le centre de Belgrade, à l'appel de plusieurs partis d'opposition de gauche et de droite, derrière le mot d'ordre "La Serbie contre la violence".

"Nous sommes ici parce que nous ne pouvons plus attendre. Nous avons attendu trop longtemps, nous nous sommes tus trop longtemps, nous avons tourné la tête trop longtemps", a lancé à la foule Marina Vidojevic, professeure de serbe dans une école primaire. "Nous voulons pour tous les enfants les écoles, les rues, les villages et les villes sûrs", a-t-elle ajouté, avant le départ des manifestants dans la direction du siège du gouvernement.

Dans leur appel à manifester, diffusé par le parti de gauche "Ne Da(vi)mo Beograd" ("Ne noyons pas Belgrade"), des partis d'opposition réclament "l'arrêt immédiat de la promotion de la violence dans les médias et dans l'espace public (...) et la démission" de dirigeants politiques, notamment du ministre de l'Intérieur et du chef des services de renseignement, accusés d'inaction.

Le départ du ministre de l'Education, Branko Ruzic, figurait initialement parmi les demandes, mais ce dernier a démissionné dimanche, en présentant ses condoléances aux familles des victimes d'une "tragédie cataclysmique".

L'opposition réclame aussi la suppression de programmes de téléréalité faisant "la promotion de la violence, l'immoralité et l'agressivité" et la fermeture de journaux pro-gouvernementaux qu'ils accusent de diffuser des "fausses informations" dans le but de nuire aux opposants politiques.

"Ce climat a été créé par le système (en place), concrètement le "premier homme" est à la base de ce malheur serbe", juge un retraité de 67 ans, se référant au président Aleksandar Vucic, dont les manifestants ont également réclamé le départ.

Plusieurs dirigeants du Parti serbe du progrès (SNS, conservateurs), de M. Vucic, ont accusé l'opposition de "politiser" les deux tueries pour s'en prendre au chef de l'Etat et au gouvernement.

La Serbie a été choquée par deux fusillades survenues la semaine dernière en moins de 48 heures.

Dans la première, un écolier de treize ans à ouvert le feu mercredi dans une école à Belgrade, tuant huit camarades et un agent de sécurité. Puis, jeudi, un jeune homme de 21 ans a tué avec un fusil automatique huit personnes dans deux villages au sud de Belgrade.

Après ces fusillades, le président serbe a promis de lancer un plan de désarmement à grande échelle. Selon le projet de recherche Small Arms Survey (SAS), 39% des habitants de la Serbie possèdent une arme à feu, taux le plus élevé d'Europe.