"Les Tuche 4": comment le quatrième volet de la saga réinvente le film de Noël

Les Tuche sont de retour, après avoir conquis Monaco, les Etats-Unis et la présidence de la République. En salle ce mercredi 8 décembre, Les Tuche 4 confronte la joyeuse tribu aux ravages de la surconsommation et du commerce en ligne, et réinvente un genre rare en France, celui du film de Noël. "Les Tuche et Noël, c'est la bonne rencontre", résume auprès de BFMTV Isabelle Nanty, alias Cathy Tuche.

Pour la première fois, l'intrigue se déroule intégralement à Bouzolles, commune imaginaire où résident les Tuche. "Il ne fallait pas qu’on les emmène en croisière, à la plage ou sur la lune. Il fallait qu’on revienne aux fondamentaux, qu’on parle d’eux", explique Olivier Baroux, réalisateur des quatre volets de la franchise. "Je ne dis pas qu’on s’est perdus sur le 2 ou le 3, ce n’est pas vrai, parce que j’assume les films à 100 pour cent, mais on a senti quand même que Bouzolles manquait aux gens."

Après la démission du Président Tuche (Jean-Paul Rouve), la famille est de retour à Bouzolles, où elle a investi dans l'écologie sur les conseils avisés de Coin-Coin (Théo Fernandez). Stéphanie (Sarah Stern) est devenue coach de Miss, Wilfrid (Pierre Lottin) se prend de passion pour la menuiserie et Mamie Suze (Claire Nadeau) cherche l'amour sur des applications de rencontre.

Jeff Tuche, "un anarchiste raisonnable"

A l’approche des fêtes de Noël, Cathy demande un unique cadeau: renouer les liens avec sa sœur Maguy (aussi jouée par Isabelle Nanty), et son mari Jean-Yves (Michel Blanc) avec qui Jeff est fâché depuis 10 ans. Leur querelle va s'intensifier lorsque Jeff tient tête à Jean-Yves, directeur d'une entreprise de distribution américaine, Mégazone, en rachetant une fabrique de jouets artisanaux.

https://www.youtube.com/embed/vxWSTApFmR4?rel=0"Noël est en toile de fond", insiste Olivier Baroux. "On s’est avant tout intéressé au combat de Jeff Tuche contre les plateformes de distribution. Ce sont deux visions de Noël qui s’opposent. Le vrai Noël, pour Jeff, c’est d’aller voir l’usine où sont construits les jouets. Maintenant, on commande sur notre téléphone et tout arrive à la vitesse du son! Ça nous a semblé être un bon conte de Noël."

Dans son combat contre le géant de la distribution américaine Magazone, Jeff Tuche a des allures d'anarchiste. "C'est un anarchiste raisonnable", précise Olivier Baroux. "Tout part de son beau-frère pour qui Mégazone livre les cadeaux et pas le Père Noël. Ce sont des propos que Jeff ne peut pas supporter. Pour lui, c'est le Père Noël qui livre les cadeaux!"

"Au départ, le film racontait que Jeff croyait encore au Père Noël et qu'il ne fallait pas briser son rêve", révèle Isabelle Nanty. "Le film racontait comment la société d'aujourd'hui cassait notre innocence. Il faut un peu d'insouciance pour se lancer dans des trucs. Il faut croire en ses rêves. C'est ce que raconte Les Tuche."

Visuellement, Les Tuche 4 ressemble aux grands films de Noël. Olivier Baroux s'est en particulier inspiré de Love Actually, "un des meilleurs [films de Noël] en termes de lumière" pour réaliser un spectacle familial féerique: "Il faut mettre beaucoup de moyens sur la lumière pour avoir ce genre de rendu et on a eu beaucoup de moyens."

"Ils ont toujours la même candeur"

Avec ce conte de Noël, Olivier Baroux voulait aussi retrouver l’émotion du premier film, sorti il y a maintenant dix ans. L'amour de Jeff et Cathy est de nouveau le moteur d'un récit qui réserve quelques séquences émouvantes où les personnages se dévoilent comme jamais. "Maintenant que les gens connaissent les Tuche, on n’a plus besoin de prouver qui ils sont, et de forcer le trait", indique le réalisateur. "On peut les surprendre en mettant un Jeff Tuche en larmes lorsqu’il chante une chanson à sa femme."

"Ce qui fait que ces personnages sont ce qu'ils sont, c'est qu'ils n'ont pas perdu leur enfance. Ils ont toujours la même candeur, le même enthousiasme", ajoute Isabelle Nanty. Pour la comédienne, les Tuche incarnent à merveille les valeurs de Noël. "Les Tuche, c'est le sens du kiff. On pourrait en faire un mot, des Tuche. 'Ah, ça, je tuche.' Ils savent faire des tout petits bonheurs. Ils sont fraternels, les Tuche. Ils ont de l'énergie pour les autres. C'est touchant dans un moment où on a une impression de recul, de peur, d'individualisme."

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Olivier Baroux et ses scénaristes (parmi lesquels Jean-Paul Rouve) ne laissent pas le succès leur monter à la tête. Ecrire un nouveau volet de la saga est pour eux un véritable défi et chacun travaille dur pour ne pas décevoir le public, de plus en plus nombreux à chaque film. "On n'a qu'une trouille, c'est de se caricaturer", précise Isabelle Nanty. "Ils font très gaffe dans l'écriture."

"On est très dur entre nous", confirme Baroux. "Autour de la table, quand on écrit, dès qu’il y en a un qui sort une idée qu’on a déjà utilisée, on n’hésite pas à dire qu’on l’a déjà fait et que c’est impossible à refaire. On a la chance de pouvoir le faire tous les deux-trois ans. On peut prendre un an et demi pour se prendre la tête sur le scénario. On a le temps de se planter dans l'écriture, de faire de grosses erreurs. Les Tuche 4, on a jeté trois versions intégrales de scénario."

Un préquel des "Tuche"?

Le cinquième film, dont le tournage est prévu au printemps 2023, sera le fruit d'un processus créatif similaire. "On a une super bonne idée, mais je ne peux pas en parler", prévient Olivier Baroux. "C'est une putain de bonne idée, mais maintenant il faut que ça devienne un film. On va voir ça dans le mois. On veut surprendre les gens."

Accaparé par des tournages et moins présent dans les deux derniers films, Théo Fernandez "sera bien là dans le prochain", complète le réalisateur, qui n'est pas lassé par sa saga. "C'est un rendez-vous qui me plaît, donc je le fais. Le jour où j'aurai envie d'arrêter, j'arrêterai."

Il rêve à présent d'un préquel des Tuche. "Peut-être que ça fera un jour l’objet d’un film. Avec les effets numériques, on peut tout se permettre aujourd’hui… On en a beaucoup parlé dans les pistes éventuelles pour Les Tuche 8 ou 9. Ça intéressera énormément les gens."

Article original publié sur BFMTV.com