Tsakhia Elbegdorj, ex-président mongol, démonte en un tweet le principal argument de Poutine sur l’Ukraine
Face à Tucker Carlson, Vladimir Poutine avait passé près d’une demi-heure à démontrer que l’Ukraine n’existait pas sans la Russie à l’aide d’un exposé historique fallacieux.
Les arguments de Poutine volent en éclats en un seul tweet. Alors que l’interview du président russe Vladimir Poutine par le présentateur américain Tucker Carlson jeudi 8 février a été observée et décryptée dans ses moindres détails, une séquence particulièrement lunaire avait attiré l’attention des historiens.
Dans celle-ci, Vladimir Poutine avait profité d’une question de l’ex vedette des plateaux de Fox News pour dérouler une tirade révisionniste de 23 minutes - sans interruption - pour expliquer en quoi l’invasion de l’Ukraine était justifiée par l’histoire russe. Le chef du Kremlin était d’ailleurs remonté jusqu’au IXe siècle pour illustrer sa démonstration, sous les yeux ébahis d’un Tucker Carlson plus que déstabilisé par cette logorrhée pseudo-historique à rallonge.
Un tunnel d’information imposé par le président russe qu’une ancienne personnalité politique mongole a visiblement écouté très attentivement. Cet homme, c’est l’ex-président de la Mongolie, Tsakhia Elbegdorj.
Et ce lundi 12 février sur X (anciennement Twitter), l’ancien chef d’État mongol entre 2009 et 2017 en a profité pour se moquer sans détour du cours d’histoire biaisé de Poutine. « Après le discours de Poutine, j’ai trouvé une carte historique mongole », a-t-il écrit, cartes à l’appui pour démonter le roman historique présenté quelques jours plus tôt par Vladimir Poutine.
After Putin’s talk. I found Mongolian historic map. Don’t worry. We are a peaceful and free nation🌏 pic.twitter.com/w5c2Hr0cQK
— Mongol Tsakhia ELBEGDORJ (@elbegdorj) February 11, 2024
Et force est de constater qu’en observant ces cartes de plus près, la Russie n’a pas toujours été telle que l’imagine le président russe. Pour cela, il suffit de s’attarder quelques secondes sur la carte présentant l’Empire mongol au XVe siècle. L’occasion de découvrir qu’en 1471, la Russie faisait pâle figure en comparaison de la taille de l’empire conquis par la Mongolie.
« Nous sommes une nation pacifique et libre »
Comme le rappelle Le Figaro, cette période de domination mongole (appelée « joug mongol ou tatar ») sur le continent eurasien avait débuté en 1237, avant de s’achever en 1480. Durant cette période, les principautés étrangères - dont celles russes - avaient alors été vassalisées au sein de l’empire mongol. Cette longue période de domination mongole a d’ailleurs donné lieu à la création du plus grand État de l’histoire, en termes de superficie : l’équivalent de 36,5 millions de km² en 1279, selon les estimations.
Pas peu fier de sa trouvaille pour décrédibiliser les arguments de Vladimir Poutine, l’ancien président de la Mongolie a ajouté une couche d’humour en déclarant : « Pas d’inquiétudes. Nous sommes une nation pacifique et libre ». Histoire de bien montrer que le tunnel d’information présenté par son homologue russe ne peut justifier la moindre invasion militaire, peu importe le passé historique.
Et si Tsakhia Elbegdorj n’est plus en poste depuis plusieurs années dans son pays, il est toutefois resté très critique à l’encontre du voisin russe, alors que son pays n’a toujours pas condamné l’invasion russe de l’Ukraine. Dans une vidéo de septembre 2022, il s’était d’ailleurs adressé au président russe pour l’implorer d’« arrêter ces meurtres et ces destructions insensées ».
Il avait également pressé certaines minorités ethniques mongoles à fuir la Russie pour son pays afin d’éviter la mobilisation militaire imposée par le Kremlin. Fervent défenseur de l’Ukraine, Tsakhia Elbegdorj y a d’ailleurs passé plusieurs années lors de ces études de journalisme à Lviv dans les années 80.
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