Trump n'a pas renoncé à l'état d'urgence, dit la Maison blanche

Donald Trump n'a pas renoncé à recourir à l'état d'urgence pour contourner l'opposition du Congrès au financement qu'il réclame pour construire un mur à la frontière avec le Mexique, a déclaré mercredi la porte-parole de la Maison blanche. /Photo prise le 8 janvier 2019/REUTERS/Carlos Barria

WASHINGTON (Reuters) - Donald Trump n'a pas renoncé à recourir à l'état d'urgence pour contourner l'opposition du Congrès au financement qu'il réclame pour construire un mur à la frontière avec le Mexique, a déclaré mercredi la porte-parole de la Maison blanche.

Mardi soir, le président américain, dans une allocution à la nation américaine, la première qu'il prononçait du Bureau ovale de la Maison blanche, a défendu la nécessité de ce mur qui fut sa principale promesse lors de la campagne présidentielle de 2016.

Donald Trump a répété qu'il attendait que le Congrès débloque une ligne budgétaire de 5,7 milliards de dollars qu'il estime nécessaire pour ériger une barrière en métal - et non plus un mur en béton - à la frontière mexicaine.

La satisfaction de cette demande est la condition à la fin du shutdown, la paralysie partielle d'environ un quart de l'administration fédérale qui dure depuis le 22 décembre.

Le président américain a justifié ses exigences par des questions de sécurité, de lutte contre l'immigration clandestine et contre le trafic de drogue, ainsi que pour résoudre ce qu'il a qualifié de "crise humanitaire".

Une proclamation de l'état d'urgence "reste certainement une option, quelque chose qui demeure envisageable. C'est une question que l'on étudie", a déclaré Sarah Sanders, porte-parole de la présidence américaine, sur la chaîne Fox News.

Sarah Sanders a émis l'espoir que les discussions entre l'administration et le Congrès puissent aboutir à une solution sur le financement et la fin du shutdown, le deuxième de l'histoire des Etats-Unis en termes de durée.

Donald Trump et son vice-président Mike Pence doivent se rendre mercredi à Capitol Hill pour un déjeuner hebdomadaire privé avec des sénateurs républicains.

Trump et Pence devraient appeler les parlementaires à demeurer fermes sur les demandes présidentielles en faveur du financement du mur à la frontière mexicaine.

BRAS DE FER

Des élus républicains ont exprimé leur lassitude face à l'impasse politique provoquée par la décision de Trump de ne pas ratifier certains budgets, privant de rémunération quelque 800.000 fonctionnaires appartenant à neuf agences fédérales.

Plus tard dans la journée, Donald Trump doit s'entretenir avec des dirigeants démocrates et républicains pour tenter de trouver une issue à ce blocage institutionnel.

Le président américain a prévu de se rendre jeudi à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique pour faire la preuve de ce qu'il qualifie de "crise" migratoire et démontrer à ses partisans qu'il se bat pour tenir les promesses électorales qu'il leur a faites.

Du côté des démocrates, l'heure ne semble pas à la conciliation, si on en juge par la réponse que Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, et Chuck Schumer, leader de la minorité démocrate au Sénat, ont apportée à l'allocution présidentielle mardi soir.

Pelosi et Schumer ont réaffirmé leur opposition au financement de la barrière frontalière.

Dans le courant de la semaine, Pelosi devrait demander à la Chambre des représentants de voter une série de lignes budgétaires en faveur des départements de la Sécurité intérieure, de la Justice, de l'Agriculture, du Commerce et du Travail.

Pelosi espère que ces propositions de loi obtiendront ensuite le soutien du Sénat avec le concours de quelques élus du Parti républicain, qui dispose de la majorité dans cette assemblée.

Ce premier bras de fer entre Trump et la nouvelle majorité démocrate à la Chambre des représentants se traduit par une division de l'opinion sur cette question dont le président américain a fait un cheval de bataille politique.

Selon un sondage Reuters/Ipsos publié la semaine dernière, 50% des personnes interrogées imputent à Trump la responsabilité du "shutdown" alors que 32% estiment qu'elle incombe aux parlementaires démocrates et 7% aux élus républicains.

(Jeff Mason et Richard Cowan, avec Amanda Becker, Eric Beech et David Alexander; Jean Terzian et Pierre Sérisier pour le service français, édité par Guy Kerivel)