Trump relance le French bashing

“Mes amis ne reconnaissent pas la France. Avec toutes ces migrations, la France n’est pas la France.” Ah, sacré Donald ! Vanner la France, ça paye toujours. Surtout quand ça permet de parler de son pays.

Trump adore prendre la France en contre-exemple. On est ses préférés. Naïfs, “couille molle” avec les djihadistes, il avait déjà cru bon d’expliquer quelques heures après les attentats du Bataclan que si les français étaient armés ils ne se seraient pas fait tirer comme des lapins aux terrasses des cafés. C’était gentil et attentionné. Le revoilà qui depuis l’été recommence.

La France n’est plus la France. Avec toutes ces migrations, on ne reconnait plus la France. « Ses amis le lui disent » répète-t-il à l’envi. C’est sûr que si ses potes viennent en France pour chercher des Français a béret avec une baguette sous le bras, les petites femmes de Paris en robe plissée, les bals musettes et les accordéonistes au coin des rue et le lapin moutarde systématiquement à la carte des resto, ils doivent en effet se sentir dépaysés.

Trump ne parle pas de nous, mais de son pays

De fait, la France a changé. Les apports de migration successive ont depuis 150 ans changé notre pays. Peut-être de manière plus visible récemment. Mais la France reste la France. En fait Trump ne parle pas de nous mais de lui, de son pays. Qui lui aussi change. De plus en plus urbain, métissé. L’Amérique change, ça inquiète son électorat et en pointant la France c’est aussi un modèle de société blanc et conservateur que Trump défend.

Et puis le French bashing, ça marche chez les républicains. Bush en avait fait son miel au moment de la guerre en Irak. Depuis, ils nous prennent pour des zozos, des naïfs, des laxistes, des femmelettes, là où eux sont des gens lucides, solides, courageux, belliqueux pour défendre leurs intérêts et qu’ainsi ils sortiront vainqueurs de toutes les épreuves. Bon. Si ça peut leur faire plaisir.

Critiqué comme rarement

Et puis soyons juste. On a rarement vu une élection ou un candidat en prend autant plein la figure. La presse est unanimement contre Trump, qu’elle dépeint comme un fou dangereux. Mais la classe politique aussi s’y met. Et ça c’est inédit. En général les ministres, les leaders des partis observent une réserve, ne prennent pas parti dans une élection étrangère pour éviter d’insulter l’avenir et ne pas être accusé d’ingérence. Mais pas avec Trump. Les politiques aussi le décrivent comme un danger pour les USA et espèrent ouvertement la victoire d’Hillary. Alors après tout, puisqu’on ne l’aime pas beaucoup, il nous le rend bien. C’est de bonne guerre.