Trump : ce grand sourire du juge Engoron, en charge du procès civil, face à l’ex-président renfrogné, n’est pas passé inaperçu

Trump : ce grand sourire du juge Engoron, en charge du procès civil, face à l’ex-président renfrogné, n’est pas passé inaperçu
Capture Fox News Trump : ce grand sourire du juge Engoron, en charge du procès civil, face à l’ex-président renfrogné, n’est pas passé inaperçu

TRUMP - Souriez vous êtes filmés. Donald Trump, jugé avec deux de ses fils pour avoir surévalué dans les années 2010 leur patrimoine immobilier de milliards de dollars, s’en est pris ce lundi 2 octobre à un « simulacre » de justice. Il a dénoncé une procureure selon lui « raciste » et « corrompue » et a traité le juge en charge de son dossier de « voyou ».

À l’intérieur de la salle d’audience, l’ancien président, 77 ans, costume bleu marine et cravate bleu électrique, a passé sa première journée assis, le visage fermé, ne s’exprimant qu’auprès de ses avocats. Un comportement austère qui tranchait avec le visage avenant du juge qui préside les débats, Arthur Engoron. Celui-ci a offert un large sourire à la caméra, semblant prendre la pose. Son attitude a amusé les démocrates qui ont comparé le procès à un feuilleton télé, comme un épisode de la série New York, section criminelle.

Mais elle a également eu le don de scandaliser les partisans du milliardaire, y voyant une preuve de mépris.

« Regardez : le juge Arthur Engoron, le juge du “procès pour fraude civile” du président Trump, souriait et posait devant les caméras du tribunal aujourd’hui alors que le président Trump était assis dans la salle d’audience. C’est tout à fait inapproprié et prouve le parti pris du juge et le fait qu’il s’agit d’une chasse aux sorcières. »

« Le président Trump est aujourd’hui en procès civil devant un juge qui non seulement s’est humilié en affirmant que Mar a Lago vaut la somme risible de 18 millions de dollars, mais regardez comment il réagit lorsque la caméra montre son visage. Il enlève ses lunettes, sourit et hausse les épaules en disant “regarde ce que je vais faire à Trump”. Il n’est pas un arbitre neutre de la loi. Ce n’est rien d’autre qu’un militant démocrate en robe noire avec TDS [Trump derangement syndrome, ndlr] Il sait que sa décision sera annulée mais il s’en fiche. C’est un rouage enthousiaste de la machine marxiste qui fait tout ce qu’il peut pour infliger douleur et souffrance à un président américain qui sacrifie tout pour sauver ce pays. »

« Regardez le juge démocrate Arthur Engoron rire, et sourire de façon narquoise alors que Donald Trump comparaît devant le tribunal. Ces gens célèbrent ouvertement ce qu’ils sont en train de faire. »

« Wow, le juge Arthur Engoron traite le procès d’un ancien président comme s’il s’agissait d’une séance photo sur Instagram. Est-ce que son retrait de lunettes et ses sourires quand il voit la caméra arriver vous disent quelque chose ? Quel cirque. »

Trump menacé de perdre son empire

Le favori dans les sondages du camp républicain pour la présidentielle américaine de 2024 joue gros lors de ce procès civil, qui menace de lui faire perdre le contrôle de son empire économique, en plus de pénalités financières pouvant atteindre 250 millions de dollars.

Il s’est montré virulent dès son arrivée à la cour suprême de l’État de New York, accusant devant une forêt de caméras la procureure générale qui a porté plainte contre lui, la magistrate afro-américaine Letitia James, d’être « raciste » et « corrompue », la qualifiant aussi de « spectacle d’horreur ».

Ce procès, l’un des premiers d’une longue série, est un « simulacre » et une « ingérence électorale » pour l’empêcher de revenir à la Maison Blanche en 2024, a-t-il encore accusé, traitant aussi le juge Arthur Engoron de « voyou ».

« Il ne s’agit pas d’un complot, mais de faire des affaires »

Donald Trump, Eric Trump et un autre de ses fils, Donald Trump Jr, sont visés, avec la Trump Organization, par une plainte au civil de Letitia James, qui les accuse d’avoir gonflé leurs actifs de manière colossale pour obtenir des prêts plus favorables auprès des banques et de meilleures conditions d’assurance.

L’un des avocats de Donald Trump, Chris Kise, a défendu au contraire un « président (qui) a bâti l’un des empires immobiliers les plus prospères de la planète » niant la moindre irrégularité comptable. Sa consœur, Alina Habba a martelé que son puissant client n’avait commis aucune « fraude » mais faisait de « l’immobilier ». « Il ne s’agit pas d’un complot, mais de faire des affaires », a-t-elle plaidé.

Dans le camp en face, Letitia James a accusé le magnat de l’immobilier de « fraudes répétées » et d’avoir « triché » pendant des années. Kevin Wallace, l’un des membres de son équipe, a réaffirmé que la fraude avait déjà été établie juridiquement et que les personnes visées par la plainte civile « avaient surévalué leurs actifs entre 812 millions et 2,2 milliards de dollars par an » de 2014 à 2021. Y compris donc quand Donald Trump était à la Maison Blanche (2017-2021).

Des surfaces triplées et des biens surévalués

L’affaire a pris un enjeu considérable la semaine dernière lorsque le juge Engoron a estimé dans une ordonnance en référé que des « fraudes répétées » étaient établies. En conséquence, le magistrat a ordonné le retrait des licences commerciales dans l’État de New York à Donald Trump et à ses fils dirigeants de la Trump Organization, ainsi que la confiscation des sociétés visées par la plainte, pour qu’elles soient confiées à des liquidateurs.

Donald Trump, qui a fait fortune dans l’immobilier et les casinos dans les années 1980, a fait appel, mais si la décision était appliquée, il perdrait le contrôle sur plusieurs étendards de son groupe, comme la Trump Tower sur la 5e avenue de Manhattan.

Ces propriétés sont au cœur des accusations de Letitia James : la surface du triplex de l’homme d’affaires dans la Trump Tower aurait été triplée, tandis que l’immeuble du 40 Wall Street surévalué de 200 à 300 millions de dollars dans des déclarations financières.

Pas de prison, mais...

Donald Trump ne peut pas être condamné à une peine de prison dans ce dossier. Mais le procès va offrir un avant-goût des échéances judiciaires susceptibles de perturber sa campagne pour l’investiture républicaine.

Inculpé au pénal dans quatre dossiers, il doit notamment comparaître à partir du 4 mars devant un tribunal fédéral de Washington, où il est accusé d’avoir tenté d’inverser le résultat de la présidentielle de novembre 2020. Le procès civil est prévu pour durer jusqu’à Noël.

Des dizaines de témoins doivent s’exprimer, dont le premier, lundi, était un ancien employé de Mazars, un cabinet d’experts-comptables qui avait décidé en 2021 de ne plus travailler pour la Trump Organization.

La liste des témoins comprend aussi Donald Trump lui-même, et trois de ses enfants, Eric, Donald Jr, et Ivanka initialement visée par la plainte mais finalement non poursuivie.

Dans l’après-midi, les partisans de Donald Trump ont reçu un nouvel appel à financer sa campagne, comme à chacune de ses inculpations.

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