Donald Trump dit qu'il respectera le principe de la Chine unique

Les Etats-Unis respecteront le principe de la "Chine unique", a assuré le président américain Donald Trump lors d'un échange téléphonique, jeudi, avec son homologue chinois, Xi Jinping, une déclaration de nature à apaiser les relations entre Washington et Pékin. /Photo d'archives/REUTERS/Jason Lee

par Ben Blanchard et Steve Holland WASHINGTON/PEKIN (Reuters) - Le président américain Donald Trump a fait savoir à son homologue chinois Xi Jinping qu'il avait changé d'avis et qu'il respecterait le principe de la "Chine unique", une déclaration de nature à apaiser les relations entre Washington et Pékin, très attaché à ses revendications sur Taïwan. Donald Trump avait mis Pékin en colère au mois de décembre et s'entretenant avec la présidente de Taïwan. Il avait expliqué que les Etats-Unis n'étaient pas forcément tenus de se conformer à ce principe respecté depuis 40 ans par les Etats-Unis et qui consiste à s'aligner sur la position de la Chine communiste selon laquelle il y a une seule Chine dont Taïwan a vocation à faire partie. Un communiqué de la Maison blanche indique que les deux présidents ont eu une longue conversation, jeudi soir, quelques heures avant une rencontre prévue entre Donald Trump et le Premier ministre japonais Shinzo Abe. La Maison blanche a décrit l'entretien téléphonique, le premier depuis l'investiture du nouveau président américain le 20 janvier, comme "extrêmement cordial". "A la demande du président Xi, le président Trump a accepté de respecter notre principe de la 'Chine unique', dit le texte. La présidente taïwanaise Tsai Ing-wen a déclaré par voie de communiqué qu'il était dans l'intérêt de son pays de maintenir de bonnes relations avec les Etats-Unis et la Chine. En Chine, dit-on dans les milieux diplomatiques à Pékin, on craignait une humiliation du président Xi au cas où la conversation téléphonique entre les deux dirigeants aurait mal tourné et où les détails en auraient été divulgués par la presse. Le cas s'est produit la semaine dernière après un entretien téléphonique difficile entre le Premier ministre australien Malcolm Turnbull et Donald Trump à propos de l'immigration. Le Washington Post s'en est fait l'écho et les relations se sont tendues entre les deux pays pourtant alliés. La question de Taiwan est la question la plus sensible de toutes pour Taiwan. Dans leur conversation, les deux chefs d'Etat ont mentionné qu'une fois résolue la question de la Chine unique, leurs relations pourraient se normaliser. TIGRE DE PAPIER "Des représentants des Etats-Unis et de la Chine vont engager des discussions sur une série de questions intéressant les deux pays", indique le communiqué. Xi Jinping a déclaré par l'intermédiaire du ministère chinois des Affaires étrangères qu'il avait été sensible à l'engagement pris jeudi par Donald Trump. "Je crois que les Etats-Unis et la Chine sont des partenaires qui coopèrent et que nous pourrons, grâce à des efforts conjoints, améliorer nos relations à un niveau inédit", a déclaré Xi Jinping. "Le développement de la Chine et des Etats-Unis peuvent absolument être complémentaires et avancer de concert. Les deux parties peuvent absolument devenir de très bons partenaires de coopération", a ajouté le président. La Chine se montre particulièrement méfiante envers la présidente taïwanaise, dont le Parti démocrate progressiste (DPP) est favorable à l'indépendance officielle de l'île, ce qui constitue une ligne rouge à ne pas franchir pour Pékin. La Chine revendique la souveraineté sur Taïwan depuis 1949, depuis la victoire des communistes de Mao Tsé-toung sur les forces nationalistes de Tchang Kaï-chek qui, après leur défaite, se sont repliées dans l'île de Taïwan pour fonder la République de Chine. Les Etats-Unis, qui ont d'abord reconnu Taïwan, ont modifié leur politique en 1979 sous la présidence du démocrate Bill Clinton, pour reconnaître la Chine communiste. L'avocat James Zimmerman, ancien chef de la Chambre américaine de Commerce en Chine, explique que Donald Trump n'aurait jamais dû aborder en premier la question de la "Chine unique". "Il y a bien sûr un moyen de négocier avec les Chinois, mais les menaces concernant leurs intérêts vitaux, fondamentaux, sont d'emblée contre-productives", déclare l'avocat par courriel. "Au final, Trump a confirmé à la face du monde qu'il n'est qu'un tigre de papier, un "zhilaohu", quelqu'un qui semble menacer, mais qui est totalement inefficace and incapable de supporter une difficulté." (Avec Michael Martina à Pékin et Adam Jourdan à Shanghai; Nicolas Delame et Danielle Rouquié pour le service français)