Trump appelle l'Attorney General à mettre "immédiatement" fin à "l'enquête russe"

Donald Trump a estimé mercredi que l'Attorney General (ministre de la Justice) Jeff Sessions devrait "immédiatement" mettre fin à l'enquête fédérale sur une éventuelle collusion entre son équipe de campagne et la Russie lors de l'élection présidentielle de novembre 2016. /Photo prise le 31 juillet 2018/REUTERS/Carlos Barria

WASHINGTON (Reuters) - Donald Trump a estimé mercredi que l'Attorney General (ministre de la Justice) Jeff Sessions devrait "immédiatement" mettre fin à l'enquête fédérale sur une éventuelle collusion entre son équipe de campagne et la Russie lors de l'élection présidentielle de novembre 2016.

Le président républicain, qui dénonce une "chasse aux sorcières", ajoute que l'enquête fédérale que mène le procureur spécial Robert Mueller depuis mai 2017 est une "tache" sur les Etats-Unis.

Après deux tweets attaquant l'enquête, Trump écrit: "C'est une terrible situation et l'Attorney General Jeff Sessions devrait stopper immédiatement cette chasse aux sorcières truquée avant qu'elle continue de souiller davantage notre pays."

"Bob Mueller, poursuit-il, est en plein conflit d'intérêts et ses 17 démocrates en colère qui font son sale boulot sont une honte pour les USA !"

Dans un autre tweet publié une demi-heure plus tard, il affirme que cette "collusion russe avec l'équipe de campagne Trump, l'une des plus efficaces de l'histoire, est une SUPERCHERIE INTÉGRALE ('TOTAL HOAX')" et accuse "les démocrates d'avoir payé pour se procurer le dossier bidon et discrédité qui a servi (...) pour lancer cette chasse aux sorcières. Scandaleux !"

Jeff Sessions n'a pas la main sur l'enquête russe.

Dès mars 2017, moins de deux mois après l'investiture du 45e président des Etats-Unis, il s'est en effet récusé de tous les dossiers liés aux soupçons d'influence russe après avoir dû admettre qu'il avait omis d'évoquer, lors de la procédure de confirmation de sa nomination par le Sénat, ses rencontres avec l'ambassadeur russe à Washington.

C'est le numéro deux du département de la Justice, Rod Rosenstein, qui a nommé Robert Mueller, ancien directeur du FBI, au poste de procureur spécial chargé de cette "enquête russe".

Contactée par Reuters, une porte-parole du département de la Justice a déclaré que le ministère n'avait aucun commentaire à faire dans l'immédiat sur ce tweet présidentiel.

"LE CONGRÈS DOIT PROTÉGER MUELLER"

Cette nouvelle attaque menée par Trump contre l'enquête russe intervient alors que vient de s'ouvrir le premier procès découlant des investigations de l'équipe Mueller.

L'ancien directeur de campagne de Trump, Paul Manafort, est jugé depuis mardi devant un tribunal de Virginie. Le procès ne porte pas sur l'élection américaine de 2016, mais sur des accusations de fraude fiscale et bancaire.

Manafort est notamment soupçonné d'avoir dissimulé sur des comptes à l'étranger des millions de dollars de revenus perçus en tant que conseiller du parti de l'ancien président ukrainien prorusse Viktor Ianoukovitch.

L'accusation cherche à obtenir des informations sur le travail alors fourni par Manafort et espère que cela mettra en évidence des liens entre l'accusé et la Russie.

Le mois dernier, les enquêteurs de Mueller ont révélé que l'ex-directeur de campagne de Trump avait obtenu un prêt de 10 millions de dollars d'Oleg Deripaska, un homme d'affaires proche de Vladimir Poutine.

Plusieurs élus démocrates ont pris la défense du procureur Mueller face à cette nouvelle attaque présidentielle.

Don Beyer, élu à la Chambre des représentants, a affirmé que Trump était "en train de paniquer". "Le Congrès doit protéger Mueller", a-t-il ajouté sur Twitter. Invité de MSNBC, le sénateur Richard Blumenthal a estimé pour sa part que "ce genre de menaces ne sont pas un accident mais reflètent un état d'esprit et une volonté de faire obstacle à la justice".

Dans un rapport déclassifié publié début janvier 2017, avant l'investiture de Trump, la CIA, le FBI et la NSA (National Security Agency) ont conclu à une ingérence de Moscou pour faciliter sa victoire face à son adversaire démocrate Hillary Clinton, jugée moins favorable aux intérêts de la Russie.

(Doina Chiacu et Susan Heavey; Henri-Pierre André pour le service français)