Trump accusé d'avoir qualifié des soldats morts de "losers", la Maison Blanche dément

Le président américain Donald Trump en conférence de presse à Washington, le 31 août 2020 - WIN MCNAMEE © 2019 AFP
Le président américain Donald Trump en conférence de presse à Washington, le 31 août 2020 - WIN MCNAMEE © 2019 AFP

Une nouvelle tempête potentielle s'abat sur la Maison Blanche. Le prestigieux mensuel The Atlantic, respecté aux États-Unis, a publié ce jeudi un article dans lequel plusieurs membres de l'entourage de Donald Trump témoignent du dédain de ce dernier pour les militaires et leur engagement.

Tout part de sa visite en France en novembre 2018, lors de la commémoration des 100 ans de la fin de la Première Guerre mondiale. Le milliardaire avait annulé son déplacement dans un cimetière américain près de Paris, expliquant que les mauvaises conditions météorologiques rendaient la visite impossible.

L'article de The Atlantic avance toutefois une autre raison: Donald Trump n'y voyait simplement aucun intérêt. "Pourquoi devrais-je aller à ce cimetière? C'est rempli de losers", aurait-il dit à des membres de son équipe, selon le magazine, qui cite plusieurs sources anonymes.

Des sources anonymes

Toujours selon le magazine culturel, Donald Trump aurait également qualifié les 1541 soldats américains morts pendant la bataille du bois Belleau de "crétins", avant de demander "qui étaient les gentils" pendant ce conflit.

La Maison Blanche a vigoureusement démenti. "Personne n'est assez courageux pour apposer son nom à ces accusations. C'est parce qu'elles sont fausses", a notamment déclaré un des porte-paroles de l'exécutif, Judd Deere.

Hogan Gidley, un ancien porte-parole de la Maison Blanche qui avait accompagné Donald Trump lors de son voyage en France en 2018, a également dénoncé des accusations "complètement ridicules" et des sources anonymes "minables et lâches".

"Quel animal aurait pu dire une telle chose?"

Même son de cloche du côté de Donald Trump. "Quelqu'un a inventé cette histoire horrible disant que je ne voulais pas y aller", a dit le président américain aux journalistes en rentrant jeudi soir d'un déplacement de campagne en Pennsylvanie.

"S'ils existent vraiment, si des gens existants ont pu dire ça, ce sont des minables sans scrupules et des menteurs. Et je serais prêt à jurer sur n'importe quoi que je n'ai jamais dit ça à propos de nos héros tombés au combat", a-t-il souligné, avant d'ajouter: "Quel animal aurait pu dire une telle chose?"

Cet épisode en rappelle un précédent: pendant la campagne présidentielle de 2016, Donald Trump s'en était publiquement pris au statut de héros de la guerre du Vietnam du très respecté sénateur républicain John McCain, fait prisonnier et torturé pendant plus de cinq ans. "C'est un héros parce qu'il a été capturé. J'aime les gens qui ne sont pas capturés", avait-il alors déclaré.

À la suite de la publication de l'article de The Atlantic et du tollé qu'il a suscité, le locataire de la Maison Blanche a usé d'une tonalité bien différente sur Twitter.

"Je n'ai jamais été un grand fan de John McCain, ai eu des désaccords avec lui sur beaucoup de sujets (...) mais le drapeau américain en berne, et les obsèques de première grandeur que le pays lui a accordées, ont dû être approuvées par moi en tant que président, (et) je l'ai fait sans hésitation et sans me plaindre. Au contraire, j'estimais que c'était bien mérité", a-t-il écrit.

Tournant de campagne?

Rarement de tels démentis auront-ils été brandis aussi vite par cette administration. Cela s'explique par le rapport affectif profondément ancré des Américains avec leurs soldats et leurs vétérans.

Reste à savoir si la polémique - pour l'instant basée sur des propos anonymes - changera ou non le cours de la campagne présidentielle qui oppose Donald Trump au démocrate Joe Biden, dont l'équipe a publié un communiqué s'indignant des propos attribué au candidat républicain:

"Si les révélations publiées dans The Atlantic sont vraies, alors elles sont une énième illustration du profond désaccord qui règne entre Donald Trump et moi-même sur le rôle que doit avoir le président des États-Unis. (...) Des générations de troupes américaines ont versé leur sang à travers le monde pour défendre nos libertés et préserver les intérêts vitaux des États-Unis. (...) Le sacrifice et la bravoure de nos soldats et leur volonté de servir notre Nation devraient être honorés."

Article original publié sur BFMTV.com