Trottinettes électriques à Paris : Lime accusé d’« acheter des électeurs » avant le vote

Une femme utilise une trottinette électrique Lime à Paris, le 3 mars 2019.
Une femme utilise une trottinette électrique Lime à Paris, le 3 mars 2019.

POLÉMIQUE - Une basse manœuvre ? Alors que les Parisiens voteront le 2 avril prochain pour ou contre la présence de trottinettes électriques en libre-service dans la capitale, l’opérateur Lime est accusé ce mercredi 1er mars par la municipalité d’acheter les électeurs. En cause, une campagne de communication proposant dix minutes de trajet gratuites en échange d’une preuve d’inscription sur les listes électorales, qui seront clôturées le 3 mars.

En ce début de semaine, les utilisateurs parisiens des trottinettes électriques Lime ont en effet reçu un email les invitant à partager une « capture d’écran » ou « un document PDF » prouvant leur inscription sur les listes électorales permettant de participer à la votation. « S’enregistrer pour voter peut avoir l’air compliqué, mais c’est en fait assez simple », indique le message de l’entreprise en guise d’incitation supplémentaire. « Prouvez que vous êtes enregistré et gagnez 10 minutes de ride gratuites », poursuit-il.

Des méthodes dénoncées ce mercredi par David Belliard, l’adjoint à la mobilité de la ville de Paris, qui a directement interpellé l’entreprise américaine sur Twitter : « Faire campagne pour le maintien des trottinettes à Paris, c’est le jeu. Et le 2 avril prochain, tous les parisiens et parisiennes pourront s’exprimer dans les urnes. Mais proposer d’acheter des électeurs, c’est franchement pas joli, joli Lime ! »

Une opération « extrêmement discutable »

Interrogé par Le Parisien sur la régularité d’une telle opération, l’adjoint d’Anne Hidalgo estime que « ce n’est pas quelque chose d’illégal » à proprement parler, mais que « ça reste extrêmement discutable ». « Dans un autre cadre, tout ça peut apparaître comme une forme de fraude électorale : c’est de l’achat d’électeur, ou en tout cas ça s’y apparente », juge-t-il.

Interrogée par BFM Paris, l’entreprise Lime défend de son côté une « opération visant à faire en sorte qu’un maximum de Parisiens puissent avoir voix au chapitre dans le cadre de cette consultation ». Elle indique en outre que ce n’est pas la première fois que des actions de ce type sont menées par ses services et que chacune d’elles a pour but d’« encourager les Français à se rendre aux urnes », et pas nécessairement pour voter en sa faveur.

« C’est la réduction très consumériste d’un débat », oppose en réponse David Belliard auprès du Parisien. « Moi je les invite plutôt à jouer le jeu de la consultation. Et pour que cela se passe le mieux possible, il faut que le débat soit le plus transparent et le plus neutre dans son organisation. »

Les opérateurs inquiets de la sincérité du scrutin

Fin septembre, la mairie avait menacé les trois opérateurs présents dans la capitale (Dott, Lime et Tier), qui totalisent une flotte de 15 000 véhicules, de ne pas renouveler leur contrat, qui arrive à échéance fin mars. Entre les accidents et les utilisateurs circulant à deux ou sur les trottoirs, déjà parsemés de trottinettes mal garées, Paris s’interroge en effet sur le « rapport coût/bénéfices » des trottinettes et questionne leur « coût environnemental ».

Début février, les trois opérateurs de trottinettes s’étaient dits « inquiets de la sincérité » du scrutin du 2 avril et avaient appelé Anne Hidalgo à en préciser rapidement les modalités. Ils assurent, pétition et sondage à l’appui, qu’une majorité des Parisiens de moins de 65 ans y étaient opposés et multiplient depuis les opérations de communication incitant à aller voter.

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