Plus de trente ans après la réunification, un mur invisible divise encore l’Allemagne

Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombait. Le 3 octobre de l’année suivante, la réunification de l’Allemagne est proclamée. Et pourtant, assure Cicero dans son édition estivale, “même plus de trente ans après, un fossé demeure entre l’est et l’ouest du pays”.

Le mensuel conservateur estime qu’une sorte de mur invisible s’est progressivement reconstruit outre-Rhin. “Retour vers le futur”, écrit-il sur sa une aux couleurs rétros. Sous l’image d’une famille d’“Ossis” [Allemands de l’Est] conduisant, ravie, une voiture est-allemande Trabant au milieu de bâtiments d’inspiration soviétique, il ajoute un sous-titre : “Pourquoi l’Allemagne se divise à nouveau.”

Pour le magazine berlinois, les discussions politiques et médiatiques autour de l’ascension fulgurante du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) dans les Länder de l’Est sont symptomatiques des fractures de la société allemande. Il précise :

“Les Allemands de l’Est traînent toujours cette image de créatures sombres qu’il faudrait aider à faire passer dans le monde lumineux de l’Ouest – tantôt à coups de discours paternalistes, tantôt en exerçant sur eux une légère pression.”

“Fracture intellectuelle”

Si Cicero s’inquiète lui aussi de la montée de l’extrême droite dans cette partie du pays, il considère qu’“avant de vilipender [s]es habitants pour leur supposée mentalité héritée de la République démocratique allemande (RDA), il serait bon de commencer par s’interroger sur les causes de cette réputation”.

Les discours selon lesquels les habitants de l’Est sont incapables d’accepter la démocratie car ils ont été socialisés pendant la dictature sont encore trop fréquents, analyse-t-il. Ils ne font qu’alimenter “le clivage intellectuel entre les deux parties de la République” et ne tiennent pas compte des clés de réflexion que procure “l’expérience des événements passés, que ce soit avant ou pendant la réunification”.

D’après le titre de Berlin, les divisions actuelles ne sont pas irréversibles. Deux de ses journalistes, originaires respectivement de l’est et de l’ouest de l’Allemagne, se sont intéressés aux narratifs véhiculés de part et d’autre du pays. “Nous avons ainsi constaté qu’il était possible de dépasser cette fracture intellectuelle, assurent-ils. Mais encore faut-il le vouloir – et que chacun y mette du sien.”

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