"La Traversée", "Les Folies Fermières"... Pourquoi Alban Ivanov est dans toutes les comédies du moment

Alban Ivanov dans
Alban Ivanov dans

Aucun acteur n'a autant monopolisé les écrans ces dernières semaines qu'Alban Ivanov. À l'affiche de cinq comédies - Les Gagnants (sorti le 13 avril), Les Segpa (le 20 avril), Le Médecin imaginaire (le 27 avril), Les Folies fermières (le 11 mai) et enfin La Traversée (en salles le 29 juin) -, l'humoriste a marqué l'écran de son charisme.

Alban Ivanov est pourtant resté très discret pendant la promotion de ces films. "Il a levé le pied, parce que ces projets se sont un peu entrechoqués", confie son ami le réalisateur Varante Soudjian, qui l'a dirigé à trois reprises dans Walter, Inséparables et La Traversée. Cet embouteillage des sorties a d'ailleurs porté préjudice aux films: aucun n'a rencontré le succès escompté.

Souvent cantonné à des rôles d'hommes bourrus ou de benêts, l'acteur livre ses meilleures prestations dans Les Folies fermières et La Traversée. Dans le premier film, réalisé par Jean-Pierre Améris, il incarne David, jeune paysan du Cantal qui, pour sauver son exploitation de la faillite, veut monter un cabaret dans sa ferme. Dans le second, il prête ses traits à Riton, ex-flic de la BAC contraint de faire une traversée de la Méditerranée avec cinq ados déscolarisés.

"Un grand sensible"

Alban Ivanov apporte une véritable profondeur à ces personnages: "Dans Les Folies fermières, il était heureux de pouvoir aller sur des zones qu'il n'avait pas encore explorées", note Jean-Pierre Améris. "Il a une palette de jeu incroyable." Sur le tournage, il s'est tout naturellement délesté de ses automatismes de comédie pour prêter à son personnage la mélancolie qui l'anime depuis des années, raconte le réalisateur:

"Souvent, il me disait qu'il était troublé par les émotions qu'il avait à exprimer, et qu'il ressentait. C'est vraiment un grand sensible. Il s'est laissé emporter par le sujet. Il s'est vraiment libéré. Ça lui a plu aussi de pouvoir jouer un paysan, parce qu'il a des origines paysannes du côté de sa mère, du côté de Narbonne."

Jean-Pierre Améris a tout de suite perçu ce spleen chez lui: "Je l'ai découvert dans Le Sens de la fête. Je l'avais trouvé formidable en serveur qui ne comprend rien à ce qu'on lui dit. On sent qu'il avait une force en lui - qui peut-être même le dépasse parfois. J'ai toujours aimé tourner avec des acteurs comiques, parce qu'on sait que pour faire rire des gens, il faut avoir beaucoup d'émotions en soi."

"On lui pardonne tout"

Dans La Traversée aussi, Alban Ivanov délaisse aussi un peu la comédie, estime Varante Soudjian: "J'avais envie qu’il propose quelque chose de plus intérieur, de plus retenu et de ne pas aller chercher frontalement la comédie." L'acteur campe un personnage au premier abord raciste, dans la provocation permanente, face à des jeunes de banlieue qu'il "tient pour responsable des échecs de sa vie":

"J'ai écrit le rôle sur mesure pour lui. Mon défi, c’était que l'on comprenne que derrière ses propos il cachait quelque chose. Il est trop violent, c'est trop gratuite. La Traversée raconte l'histoire d'un homme qui n'attend qu'une chose: qu’on lui dise qu'il a tort, qu'il se trompe, qu'il n’est pas sur le bon chemin."

"Ce que j'adore chez Alban, c'est qu'on lui pardonne tout", poursuit Varante Soudjian. "Il a un énorme capital sympathie. Il dit des horreurs et on l'adore quand même. On n'a pas envie de le croire quand il dit des horreurs. J'adore ce paradoxe. Je l’ai pas mal exploité sur les trois films. Je me suis permis de l’amener très loin dans la crapulerie, surtout dans La Traversée."

Alban Ivanov n'aime pas jouer ce genre de personnages. Son rôle de vigile un peu fou armé d’un lance-flammes dans Walter a été pour lui particulièrement difficile à appréhender, raconte Varante Soudjian: "C'était un petit contre-emploi puisqu’il joue quelqu’un de colérique. Il avait un peu de mal avec ce personnage, parce qu’il est un peu méchant gratuitement, mais il m'a fait confiance et finalement il a été ravi quand il s’est vu à l’image."

"Il a l'avenir devant lui"

Après dix ans de carrière, qui l'a vu notamment collaborer à plusieurs reprises avec Olivier Nakache et Éric Toledano (Le Sens de la fête, Hors normes) et Grand Corps Malade et Mehdi Idir (Patients, La Vie scolaire), Alban Ivanov semble enfin prêt à endosser des premiers rôles. Mais il continue de privilégier les films de groupe, comme La Traversée et Les Folies Fermières.

"Il a aimé le côté démocratique de notre tournage, où personne ne tirait la couverture à lui. Ce n'est pas son genre. Il a un très beau regard sur ses partenaires. Il est très respectueux. Il est d'une grande humilité", précise Jean-Pierre Améris. "Le stand-up est aussi un art très solitaire. Il aime se retrouver au milieu du travail collectif du cinéma. C'est un excellent camarade de jeu."

Pour les réalisateurs qui l'ont côtoyé, il y a comme une évidence à le voir décrocher de plus en plus de rôles importants. "Je trouve ça beau, ce garçon qui peut ressembler à tout le monde et qui accède aux premiers rôles sans avoir le souci de faire rire", salue Jean-Pierre Améris. "C'est quelqu'un que la caméra aime."

Le réalisateur n'a qu'une envie: retravailler au plus vite avec lui. "J'aimerais beaucoup. Je pense qu'il a l'avenir devant lui." Même son de cloche chez Varante Soudjian: "C'est presque un exercice difficile d’imaginer tourner sans lui. Je n’ai pas fait le tour du potentiel d’Alban."

Article original publié sur BFMTV.com