La travailleuse clandestine arrêtée chez l’ex-Première ministre suédoise revient pour un procès “unique”
Les journaux de Stockholm ne donnent que son prénom, Chilo. En janvier 2022, elle avait défrayé la chronique lorsque le tabloïd Expressen avait annoncé son arrestation dans la villa de Magdalena Andersson, alors Première ministre. Cette immigrée nicaraguayenne sans papiers âgée de 25 ans venait faire le ménage au domicile privé de la dirigeante sociale-démocrate, alors que sa demande d’asile avait été rejetée et qu’elle aurait dû quitter le pays. Même si la leader politique résidait alors dans son logement de fonction, l’affaire avait fait grand bruit.
Renvoyée au Nicaragua dans les mois qui ont suivi, la jeune femme a fait son retour sur le territoire suédois. Le 18 avril, quelques journalistes l’attendaient à l’aéroport de Stockholm pour raconter la bataille dans laquelle elle a décidé de se lancer, avec le soutien financier et juridique de l’Organisation centrale des travailleurs suédois (SAC). Ce syndicat “a payé ses billets d’avion aller et retour”, précise Dagens Arbete, revue réputée proche des travailleurs de l’industrie qui dénoncent le poids pris par le travail au noir dans le pays.
Le groupe “le plus silencieux” de la société
À partir du mercredi 24 mai, le chef de l’entreprise qui avait embauché Chilo doit comparaître devant le tribunal du travail de Nacka (banlieue est de Stockholm), à la suite de la plainte de la SAC déposée pour le compte de la jeune femme. Cette dernière sera également entendue.
“Pour la première fois, une femme de ménage non déclarée, qui appartient peut-être au groupe le plus silencieux et le plus docile de la société, affrontera son employeur devant un tribunal suédois dans le cadre d’un conflit du travail”, résume Dagens Nyheter.
Pour ce journal de tendance libérale, l’enjeu n’est pas des moindres : “Pour le syndicat, l’affaire Chilo est très médiatisée et attire l’attention sur les problèmes qu’il tente de résoudre. Et pour Chilo elle-même, il y a une petite fortune en jeu : un peu plus de 100 000 couronnes suédoises [8 700 euros] de dommages et intérêts et de perte de salaires.”
[...] Lire la suite sur Courrier international