Traque de Mohamed Amra : où en est l'enquête, une semaine après l'attaque du fourgon ?

Une semaine après l'attaque du fourgon blindé qui transportait le malfaiteur, d'importants moyens restent déployés et toutes les pistes sont ouvertes.

Depuis une semaine, Mohamed Amra est traqué sans relâche par les autorités françaises (Photo : DR)

Une traque XXL qui se poursuit sans relâche, une semaine après les faits. Depuis le 14 avril et l'attaque meurtrière du convoi pénitentiaire transportant Mohamed Amra au péage d'Incarville (Eure), qui a fait deux morts et trois blessés, de nombreux fonctionnaires de police et de justice sont à pied d'œuvre pour tenter de retrouver l'évadé et ses complices.

Invitée ce mardi 21 avril sur le plateau de BFM TV, la procureure de la République de Paris Laure Beccuau, en charge de l'enquête, a confirmé que cette dernière battait son plein et que toutes les hypothèses restaient ouvertes, notamment celle d'un enlèvement : "Nous travaillons sur tout ce sur quoi nous devons travailler. Rien n'est exclu, tout est construit, tout est observé, tout est examiné, bref : tous les moyens sont déployés."

"A l'heure actuelle, des centaines d'enquêteurs sont sur ce dossier, a poursuivi la procureure, plusieurs magistrats et toute une section du parquet de Paris sont mobilisée 24 heures sur 24 sur ce dossier. Les juges des libertés de la détention, qui doivent nous accorder des techniques spéciales d'enquête, sont mobilisés sur ce dossier... Et je pourrais continuer à envie cette énumération."

Il y a quelques jours, le ministre de l'Intérieur avait donné le chiffre de 350 enquêteurs mobilisés au total, qui semblent donc être toujours d'actualité. En outre, selon l'ancien patron de la police judiciaire (PJ) de Paris, Christian Flaesch, interviewé par Franceinfo, "tous les laboratoires de police scientifique de l'Hexagone seraient mobilisés".

"Chacun peut en effet avoir une spécialité ou avoir plus de disponibilité pour examiner les éléments de police technique et scientifique retrouvés, comme sur la scène de crime, la découverte des véhicules brûlés dans la fuite ou même toute autre perquisition qui a été réalisée ou sera réalisée dans l'avenir", précise Christian Flaesch.

Depuis le 14 avril, les forces de l'ordre ont ainsi multiplié les perquisitions pour tenter de glaner des indices. RMC indique ainsi que ces dernières ont notamment visé les domiciles de plusieurs proches du fugitif résidant dans la région de Rouen (Seine-Maritime). CNews ajoute pour sa part qu'une perquisition a "eu lieu dans la prison des Baumettes, à Marseille (Bouches-du-Rhône), où Mohamed Amra était détenu avant d’être transféré à Évreux (Eure)". De nombreuses perquisitions ont également eu lieu dans cette dernière maison d'arrêt.

Ces opérations de police ont notamment permis de mettre la main sur plusieurs téléphones (quatorze au total dans six cellules différentes, selon CNews). D'après RMC, l'un de ces téléphones, retrouvé dans la dernière cellule de Mohamed Amra à Evreux, serait actuellement "en cours d'analyse". Cette dernière procédure s'inscrit dans le cadre d'un pan beaucoup plus large de l'enquête, qui s'attache à ausculter scrupuleusement "l'environnement numérique" du fugitif.

"Il s'agit de toutes les traces que vous pouvez laisser numériquement sur les différents points, décrit Christian Flaesch dans son interview à Franceinfo. Et puis, vous avez les examens des caméras de vidéoprotection dans les différents lieux qui peuvent être utiles." Ces éléments très techniques, qui peuvent parfois déboucher sur des indices minuscules, mais précieux, sont dans le cas présent combiné avec des techniques d'enquête plus traditionnelles.

Ainsi, comme le rapporte RMC, plusieurs proches de Mohamed Amra, "notamment ses parents et son ex-compagne" ont été auditionnés par la police vendredi 17 mai. CNews rappelle que ces témoignages sont venus s'ajouter à ceux déjà recueillis par les forces de l'ordre auprès des victimes blessées et des témoins de la scène.

D'après l'ancien patron de la PJ de Paris, les enquêteurs solliciteraient également implicitement le milieu du grand banditisme, auquel appartient Mohamed Amra. "Le milieu a bien compris que cette affaire était importante, explique Christian Flaesch. Et chaque voyou est à même de comprendre, à un moment donné, où son intérêt personnel peut trouver satisfaction à collaborer avec la police et donner des renseignements qui pourront être utiles à la traque d'Amra et de tous ses comparses."

Ce panorama dessine donc les contours d'une enquête d'une ampleur colossale, à dimension nationale (et même internationale puisqu'Interpol a émis une notice rouge à l'encontre du fugitif). Il reste cependant difficile, à ce stade, de mesurer si cette dernière a réellement avancé et dans quelles proportions. Sur le plateau de BFM TV ce mardi, Laure Beccuau a affirmé que les enquêteurs disposaient de "pistes sérieuses", sans donner beaucoup plus de précisions.

"Il y a des investigations à la fois de recueil de témoignages, investigations techniques qui ne cessent de se développer, a répété la procureure de la République de Paris. Je ne doute pas qu'elles progressent et qu'elles aboutissent de façon positive, c'est-à-dire par l'interpellation des auteurs de ces faits. Nous le devons aux victimes, à leur famille, à leurs proches et à l'ensemble des agents pénitentiaires qui servent la justice au quotidien."